
Alors que les Comores s’apprêtent à tenir leurs assises nationales sur l’éducation, un sentiment partagé d’espoir et d’appréhension plane sur l’archipel. L’importance de ces consultations est unanimement reconnue, mais la crainte que ces « assises » ne débouchent sur de simples « réformettes » superficielles, privilégiant la quantité à la qualité, est palpable.
Le problème central qui gangrène le système éducatif comorien est l’inadéquation formation-emploi. Le constat est clair : l’éducation actuelle peine à former des individus réellement productifs pour l’économie du pays. Les compétences acquises ne sont pas en phase avec les besoins du marché du travail, rendant difficile l’insertion professionnelle et l’acquisition d’une réelle maîtrise des savoir-faire. Le manque criant de formation professionnelle adaptée et l’absence d’un véritable accompagnement à la création d’entreprise sont des lacunes majeures qui freinent le développement et la diversification de l’économie locale. Sur ce point, l’ouvrage « Ufwakuzi 2.0 » de Antuf Chaharane est cité comme une référence pertinente, abordant en profondeur les enjeux liés à cette problématique cruciale.
Une préparation minutieuse mais des attentes élevées
En prélude à ces assises, une démarche louable a été initiée : des enseignants et experts se sont réunis pour plancher sur treize thématiques clés, visant à repenser un système éducatif qui a désespérément besoin de réformes profondes et durables. Trente-trois enseignants, issus des trois îles et de tous les niveaux d’enseignement (primaire, collège, lycée), ont travaillé à la rédaction d’une brochure regroupant analyses et propositions concrètes.
Ces experts, choisis pour leur solide expérience, ont été répartis en trois groupes, intégrant des « personnes ressources » et des « doyens » pour garantir la richesse des contributions. L’objectif est clair : renforcer le document final qui sera présenté au ministère de l’Éducation nationale. Le secrétaire général de la Fédération des syndicats de l’éducation aux Comores, Saïd Abdou Mdarara, a souligné l’engagement des enseignants à contribuer pleinement à cette analyse des difficultés du secteur, affirmant que des travaux préparatoires ont été menés sur chaque île.
Des thématiques variées pour une réforme holistique
Les treize thématiques proposées par le ministère de l’Éducation, en concertation avec les représentants du corps enseignant, couvrent un large éventail de sujets cruciaux. De l’éducation préélémentaire, incluant le « palashio » (école coranique) et l’enseignement coranique rénové, à l’enseignement primaire (public et privé), en passant par l’éducation non formelle, le statut et la formation du personnel éducatif, et la valorisation du métier d’enseignant (statut, carrière, salaire, formation). Des questions fondamentales comme les langues dans le système éducatif, l’approche sectorielle, les partenariats en éducation, ainsi que les infrastructures et le patrimoine éducatif, sont également au programme.
Si ces thématiques sont jugées « globalement en phase avec les besoins du secteur » par de nombreux enseignants, la véritable épreuve résidera dans leur traitement, le suivi et la mise en œuvre effective des recommandations. C’est là que réside l’enjeu majeur de ces assises : passer de l’intention à l’action, et s’assurer que les réformes envisagées ne soient pas de simples ajustements cosmétiques, mais des transformations profondes capables de construire un système éducatif véritablement adapté aux défis et aux opportunités des Comores.
Said Hassan Oumouri
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