Après le témoignage du Dr Rafsandjani, juriste et doctorant en droit public, dont la candidature pour enseigner à l’ est restée sans réponse, un nouveau récit vient confirmer que cette situation n’est ni isolée ni récente.
Cette fois, c’est un scientifique de haut niveau qui prend la parole pour éclairer une problématique plus profonde : celle de la reconnaissance et de l’intégration des compétences académiques comoriennes au sein de l’institution universitaire nationale.
Un parcours scientifique exemplaire, ignoré dès 2011
En 2011, devenait le premier Comorien à soutenir une thèse en écologie végétale, consacrée à la flore et à la végétation des Comores. Animé par la volonté de mettre son expertise au service de son pays, il dépose aussitôt une candidature spontanée auprès de l’Université des Comores, convaincu du rôle central de cette institution dans la formation et le développement scientifique national.
La réponse ne viendra jamais officiellement. Seul un message informel lui indique qu’aucun poste n’est disponible et qu’il doit patienter.
Des recrutements paradoxaux et un malaise persistant
Dans les années qui suivent, le chercheur observe pourtant que des recrutements ont lieu, parfois au profit de profils titulaires de simples masters, qui deviendront docteurs par la suite grâce à des soutiens extérieurs. Un constat qui alimente incompréhension et malaise, sans jamais déboucher sur un échange institutionnel clair.
En 2025, le parcours de Mohamed Mahamoud CHARAHABIL atteint pourtant un sommet : il devient, selon ses propres termes, le premier professeur titulaire comorien reconnu dans l’espace CAMES, une distinction académique majeure sur le continent africain.
Malgré cela, l’Université des Comores ne l’a jamais sollicité, pas même pour une intervention ponctuelle ou bénévole.
Un problème ancien, révélé par des témoignages contemporains
À la lecture du texte publié récemment par le Dr Rafsandjani, beaucoup ont cru découvrir une situation nouvelle. Le témoignage de Mohamed Mahamoud CHARAHABIL démontre au contraire que le problème est ancien, structurel, et qu’il traverse les disciplines, du droit aux sciences environnementales.
Il ne s’agit pas ici de règlements de comptes, ni de plaintes personnelles. Le chercheur le précise lui-même : son intention est d’ouvrir une réflexion collective sur la manière dont les institutions comoriennes identifient, reconnaissent et mobilisent leurs ressources intellectuelles.
La science comme levier stratégique pour le pays
À travers ces deux récits, une même question s’impose : comment un pays peut-il se développer durablement sans intégrer pleinement ses chercheurs, ses enseignants et ses intellectuels ?
La science, la recherche et la transmission du savoir ne sont pas des luxes. Elles constituent un levier stratégique pour l’autonomie, l’innovation et la souveraineté nationale.
Le silence institutionnel, lorsqu’il devient une norme, finit par produire plus que de la frustration : il crée une rupture entre le pays et ses élites intellectuelles, au moment même où celles-ci cherchent à revenir, à transmettre et à contribuer.
Ces témoignages invitent donc à dépasser les logiques personnelles ou politiques pour poser une question simple, mais essentielle :
quelle place l’Université des Comores souhaite-t-elle réellement accorder à l’excellence académique comorienne, où qu’elle se soit construite ?
Un débat qui, au-delà des individus, engage l’avenir même de l’enseignement supérieur aux Comores.
ANTUF Chaharane


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