De retour aux Comores après plusieurs années de formation, , docteur en droit public, espérait concrétiser un projet qu’il présente comme une vocation : enseigner à l’Université des Comores, au sein de la faculté de droit de Mvouni.
Après avoir officiellement postulé, il affirme n’avoir reçu aucune réponse de l’institution universitaire. Un silence qui alimente aujourd’hui interrogations et débats, dans un pays où les frontières entre administration, institutions et politique sont souvent poreuses.
Un parcours intellectuel et médiatique assumé
Avant son engagement politique formel, Mohamed Rasfandjani s’est fait connaître par ses prises de position publiques, notamment sur les réseaux sociaux et lors de nombreuses émissions diffusées en ligne. Juriste de formation, il a régulièrement analysé et critiqué :
- le changement de la Constitution comorienne,
- les conditions d’organisation des élections,
- la concentration du pouvoir et l’affaiblissement des contre-pouvoirs institutionnels.
Ces interventions, souvent argumentées et juridiques dans leur forme, lui ont valu une visibilité médiatique importante, mais aussi une exposition politique certaine.
De l’analyse critique à l’engagement politique
Dans la continuité de ce parcours, Mohamed Rasfandjani a ensuite franchi un cap en s’engageant directement en politique. Il est aujourd’hui président du parti , une formation qui se veut critique du pouvoir en place et porte un discours de rupture sur les institutions, la gouvernance et l’État de droit.
Cet engagement n’est donc ni marginal ni discret. Il est public, assumé et structuré, ce qui, aux Comores, suffit souvent à placer un individu dans une catégorie politique clairement identifiée, indépendamment de ses compétences professionnelles.
Une candidature universitaire restée sans réponse
Dans un texte publié récemment sur Facebook, Mohamed Rasfandjani exprime sa déception face à l’absence totale de retour de l’Université des Comores. Il y décrit :
- un rêve modeste mais profondément symbolique : transmettre le droit aux étudiants comoriens,
- des années de sacrifices consacrées à un doctorat pensé comme un outil de retour et de service au pays,
- et surtout, un silence institutionnel qu’il dit ne pas comprendre.
Il ne rapporte ni refus motivé, ni critique académique, ni échange formel. Seulement l’absence de réponse.
Un silence administratif… ou politique ?
Difficile, en l’absence de communication officielle, d’affirmer que cette situation relève explicitement d’une sanction politique. Aucune preuve formelle ne permet de l’établir.
Cependant, le contexte comorien rend la question inévitable. L’Université des Comores, comme beaucoup d’institutions publiques, évolue dans un environnement fortement politisé. Le recrutement, la promotion ou l’intégration de profils perçus comme critiques, indépendants ou opposants y sont régulièrement sujets à controverse.
Dans ce cadre, le silence peut apparaître non comme un simple dysfonctionnement administratif, mais comme une forme d’évitement, évitant d’assumer une décision qui serait, quoi qu’il arrive, politiquement interprétée.
Une question plus large que le cas Rasfandjani
Au-delà du parcours personnel de Mohamed Rasfandjani, cette situation soulève une question plus profonde :
quelle place les institutions comoriennes réservent-elles aux compétences critiques, engagées, mais qualifiées ?
Peut-on être à la fois :
- universitaire,
- intellectuel critique,
- acteur politique, sans voir sa légitimité professionnelle remise en cause ?
Le débat reste ouvert. Mais une chose est certaine : le silence n’est jamais neutre. Et lorsqu’il émane d’une institution chargée de former les élites de demain, il mérite, au minimum, d’être expliqué.
ANTUF Chaharane


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