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Le secteur agricole agonise pendant qu’on crie « émergence » sur les toits  

L’« épreuve de vérité » de Momo, président de la chambre d’agriculture. 

Dans un post équivoque pour ceux qui ignorent les péripéties de sa présidence mais explicite pour ceux qui suivent de près le dossier, Soilih Mohamed alias Momo invite ses détracteurs intimes de calmer leurs ardeurs et chercher le vrai responsable de la paralysie structurelle qui frappe ladite Chambre. 

 

Il en a vu de toutes les couleurs. Et les difficultés semblent avoir encore des beaux jours devant elles. Élu président de la nouvelle chambre d’agriculture par une majorité écrasante au niveau national, Mohamed Soilihi Momo a vu son élection annulée trois fois de suite par des manœuvres de ses ennemis intimes. Il eut fallu que les autorités se rendent compte qu’il était pratiquement impossible de déboulonner l’indéboulonnable pour qu’elles prennent acte, enfin, de la quatrième élection de laquelle, sans surprise, Momo est élu à l’unanimité. D’aucuns croyaient que Momo a vu par là le bout du tunnel surtout depuis son investiture solennelle le 23 janvier 2018 en présence de ceux même qui voulaient sa tête, notamment le chef de l’Etat Azali Assoumani. Que nenni ! Ce fut hélas le début d’un nouveau feuilleton pour cette toute nouvelle institution. 

 

En effet depuis, la Chambre n’est pourvue ni d’un local, ni de budget. Rien. Rien de rien ! Et ce malgré l’engagement du chef de l’Etat en ce jour d’investiture de Momo à M’vuni: « L’Etat mettra tous les moyens nécessaires à la disposition de la chambre pour assurer le développement des secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage ». L’on aura brassé que de l’air car plus d’un an après, la Chambre n’est que l’ombre d’elle-même faute d’attention et d’accompagnement de la part du gouvernement qui, visiblement, oublie que l’agriculture est un pont inéluctable vers l’émergence dans un pays comme le nôtre. Mais qu’à cela ne tienne. Certaines personnes sans doute aigries se lancent dans des subterfuges pour faire porter le chapeau du blocage de la Chambre à Momo. On lui reproche de « ne rien faire » et de « voyager souvent ».

 

La réponse du mis en cause ne s’est pas fait attendre, et elle est l’on ne peut plus claire. « Les comoriens sont très impatients de voir se réaliser les grandes réformes pour le changement. Il est temps de regarder la vérité en face au lieu de vous gargariser sur des contre-vérités, des mesquineries et des pacotilles », devrait-il se défendre. Il faut mal connaître Momo pour croire qu’il profite de sa position à la Chambre pour sauter d’un avion à un autre. Depuis la nuit des temps, celui qui a accueilli François Hollande dans sa résidence d’Oussivo, en août 2014, effectue des pérégrinations aux quatre coins du globe. Et ça, tout le monde le sait. Alors, que lui reproche-t-on pour mettre en veilleuse la chambre d’agriculture ?

Contrairement à l’office national de la vanille qui est pourvu d’un local et d’un budget conséquent, et donc soutenu dès sa création, l’Union des chambres d’agriculture est abandonnée à son triste sort. Pour dire, les reproches liés à sa « gestion » ne peuvent qu’être fallacieux car en réalité, Momo, ce président sans bureau ni budget, n’en parlons plus un personnel, ne gère que dalle. À lire aussi:👉https://www.comoresinfos.net/lunion-des-chambres-une-epreuve-de-verite/

 

Allons donc chercher les raisons ailleurs. Politique ? Tout le monde l’aura constaté. Momo n’avait ménagé aucun effort pour soutenir les fameuses Assises, le referendum, et les élections de mars et avril. A Anjouan, le chef de l’État, on s’en rappelle, avait même appelé les agriculteurs et pêcheurs à s’unir avec Momo car, selon ses propres termes, « il est votre avenir ». A Ngazidja Momo battait campagne ardemment dans son milieu. Il a rameuté quasiment l’ensemble des acteurs du secteur agricole à tel point qu’il a provoqué le courroux d’Abdou Soefo qui garde une dent contre lui. « Momo m’a canardé », s’agace le rival malheureux de Sitti Farouta. On se répète et on repose la question : que reproche-t-on à Momo pour ne pas le soutenir dans ses missions ? Ou bien, l’agriculture et la pêche ne sont-elles pas une priorité dans le programme de développement du pays ? Les autorités ne feraient-elles pas mieux de profiter de son carnet d’adresse pour mettre sur pied des véritables projets agricoles au lieu de l’asphyxier pour une guerre d’égo ? De toutes les façons, certains caciques de la diaspora suivent de près cette situation, peut-être pour faire un joli pied de nez à Azali quand il aura échoué dans ce sécateur clé qu’est l’agriculture et où, sans conteste, les acteurs de base restent fidèles au président Momo.

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