
Les maires de Mayotte ont annoncé leur retrait de la distribution d’aide humanitaire, après avoir été accusés de détournements de denrées et de clientélisme. Face à ces soupçons relayés par la préfecture et des enquêtes journalistiques, les élus dénoncent une stigmatisation injuste et refusent de poursuivre leur implication dans la gestion des aides.
La polémique a éclaté suite à une enquête révélant des pratiques douteuses dans la répartition des aides alimentaires et des bouteilles d’eau destinées aux habitants de l’île. Plusieurs témoignages anonymes accusent des agents municipaux de s’approprier une partie des stocks et certains élus d’en faire un outil de favoritisme politique.
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a confirmé que certaines aides n’arrivaient pas à destination, renforçant ainsi les soupçons de détournement. Par ailleurs, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ouvert une enquête sur un possible trafic de bouteilles d’eau.
Face à ces accusations, l’Association des maires de Mayotte (AMM) a annoncé, le 17 février 2025, la suspension immédiate de toute participation des municipalités dans la distribution de l’aide humanitaire. L’AMM fustige des accusations « scandaleuses » et des « allégations infondées », estimant que les difficultés de distribution sont liées à l’urgence post-cyclonique et non à des pratiques frauduleuses.
Les élus locaux rejettent toute responsabilité et pointent du doigt l’État, qu’ils accusent de ne pas leur donner les moyens nécessaires pour organiser efficacement l’acheminement de l’aide.
Ce bras de fer entre les autorités locales et l’État complique davantage la situation humanitaire à Mayotte, deux mois après le passage du cyclone Chido. Si certains maires, comme celui de Dembéni, ont décidé de continuer la distribution pour ne pas pénaliser leur population, d’autres ont opté pour un retrait total.
Les élus exigent désormais :
1. La levée des réquisitions sur l’eau et les biens essentiels.
2. L’arrêt des restrictions imposées au port de Mayotte.
3. Le déblocage immédiat des dotations d’urgence promises aux collectivités.
Pendant ce temps, les habitants les plus fragiles se retrouvent encore plus exposés aux pénuries, tandis que l’enquête sur les détournements se poursuit.
Said Hassan Oumouri
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