À defaut d’un régime expressément détaillé dans la constitution, le Président suppléant, a fortiori, est tout de même borné par les mêmes limites que celles juridiquement imposées à un Président intérimaire. A ce propos, la constitution de 2018 ne semble mentionnée qu’une seule : il ne peut pas changer le gouvernement. Mais cette limite mise à part, et sous la seule réserve du temporaire, le Président suppléant a toutes les attributions, permanentes, du Président titulaire.
Seulement, une difference de taille distingue l’interim de la suppléance. Dans la première, il n’y a pour toute l’Union, qu’un Président et un seul, fut-il intérimaire, le titulaire étant définitivement empêché. Dans la seconde, le suppléant ne fait pas disparaître le titulaire, celui-ci n’etant empêché que momentanément. Il y a pour ainsi dire dans toute l’Union, deux présidents. La courtoisie républicaine (pour le suppléant), le suffrage universel (pour le titulaire) et la constitution en somme, commandent à ce qu’ils soient, tous deux, traités comme tel. Pour compliquer le tout, un des deux est en campagne pour sa réélection. Pas simple..
La République continue, malgré elle, son aventure. Celle d’un hydre à deux têtes. Pataugeant déjà entre deux constitutions, (tantôt revisée, tantôt nouvellement créée), la voici contrainte de faire cohabiter deux présidents. L’un permanent, l’autre provisoire, le dernier nommé par le premier… élu. La Constitution dispose d’un article sur le régime juridique de l’interim, mais a propos de la suppléance, elle est muette. Est ce un attelage? Une collaboration? Une délégation peut-être? Un partage, qui sait?
Eu égard à la symbolique du jour, et pour ne pas sacrifier le romantisme à la forfaiture ambiante, nous préférons y voir un couple, un mariage temporaire. Seront-ils amenés à se disputer ou se comprendre? Vont-ils mutuellement se fier ou s’epier ? Sans doute comme toujours à deux, seront-ils plutôt amenés à se supporter. Voir…
Mohamed Rafsandjani
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