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Kaambi Elyachourtu Mohamed : «La priorité de l’Ambassade c’est l’amélioration des conditions d’études et de séjour des étudiants Comoriens à Madagascar »

Kaambi-Elyachourtu-MohamedKaambi Elyachourtu Mohamed, Ambassadeur désigné de l’Union des Comores auprès de la République de Madagascar. Un an après l’interview qu’il nous a accordé, il répond aujourd’hui encore aux questions de notre correspondant sur la grande île.

Comores-infos : Monsieur l’Ambassadeur bonjour. Il y a un an vous nous avez parlé de vos nouvelles fonctions au sein de l’Ambassade des Comores à Antananarivo. Vous étiez  à ce moment là Chargé d’Affaires de l’Ambassade des Comores  auprès de l’Etat Malagasy. Actuellement vous êtes passé au statut d’Ambassadeur désigné  de l’Union  des Comores à Madagascar. Rappelez-nous ce que cela implique dans les relations entre les deux pays, les Comores et Madagascar.

Kaambi Elyachourtu Mohamed : Bonjour et Merci de m’accorder  cette interview qui permet d’informer nos compatriotes sur les enjeux de la Coopération entre les deux pays.

Que l’on soit Chargé d’Affaires ou Ambassadeur, on est Chef de mission diplomatique, on est confronté aux mêmes défis et on assume les mêmes responsabilités.

Monsieur l’Ambassadeur, lorsque vous vous êtes installé à ce poste vous étiez bien conscient des défis qui vous attendent. Des défis dont vous aviez fait part dans notre premier entretien. Un an après pensez-vous avoir franchi les pas ?

Les défis sont nombreux, nous faisons des efforts pour donner une bonne image de notre  Ambassade. Nous avons établi un meilleur contact avec nos étudiants pour mieux appréhender leurs difficultés. Dès l’avènement du nouveau gouvernement et du parlement malgaches, nous avons lancé les bases de négociations visant à raffermir nos relations bilatérales et améliorer le sort de nos étudiants en matière de législation pour  leur séjour à Madagascar. Des parlementaires Comoriens ont sollicité de rencontrer leurs homologues malgaches dans le cadre d’une mission parlementaire afin d’évoquer ces questions qui nous tiennent à cœur. Les petits problèmes qui règnent en ce moment au parlement malgache et qui seront vite résolus ne nous ont pas encore permis d’obtenir une réponse. La priorité de l’Ambassade c’est l’amélioration des conditions d’études  et de séjour des étudiants Comoriens à Madagascar.

Madagascar a vécu cinq années dans une crise politique. Lors de la  célébration de la fête de l’indépendance de ce pays ami plusieurs Etats étaient absents dans les tribunes officielles du stade Mahamasina le 26 juin 2013. Parmi les pays à avoir répondus présents, on a noté « L’Union  des Comores ». La presse malagasy a même titré votre participation. Au nom de quoi vous êtes-vous présenté ? N’y avait-il pas un risque de désaccord avec la communauté internationale pourtant très influente dans les questions de la crise malagasy ?

Les pays du Sud Ouest de l’Océan Indien ont toujours eu  des relations privilégiées avec Madagascar en raison des liens séculaires qui les unissent. Certes des sanctions étaient prises par la Communauté internationale, mais la Commission de l’Océan Indien regroupant Madagascar Comores -Seychelles -Maurice et (France Réunion) n’a jamais pris des sanctions à l’encontre de Madagascar cela par solidarité. Au contraire cette institution à aidé Madagascar à mettre fin à la crise à travers un dialogue franc, fraternel et efficace. L’Union des Comores doit maintenir des liens très forts avec la Grande île qui accueille une forte communauté comorienne, ces liens de fraternité sont anciennes et ont connu des hauts et des bas mais devront se développer et s’amplifier dans les mois qui suivent au bénéfice de deux populations.

Les problèmes rencontrés par la communauté comorienne à Madagascar sont nombreux comme vous le savez. Vous nous avez dit que des meilleures solutions seraient possibles si et seulement si «  la situation politique à Madagascar se stabilisée » c’est à dire  la fin du pouvoir de Trans ition. L’année2014 a débuté avec une nouvelle République démocratiquement installée avec l’élection du Président Hery RAJAONARIMAMPIANINA.  Dans l’état actuel des choses est ce que le gouvernement comorien a entamé de nouvelles discussions où pas encore ?

Nous nous réjouissons du retour de Madagascar dans le Concert des Nations, l’avènement des nouvelles institutions est récent et le nouveau gouvernement est en cours d’installation.

Comme je l’ai précisé dans mes propos lors de votre deuxième question, nous allons renforcer les liens qui nous unissent  à Madagascar afin que nos deux populations y trouvent leur compte.

Son Excellence le Président IKILILOU Dhoinine y attache une grande importance, lorsqu’il a reçu la délégation de la CECOM (Coordination des Etudiants Comoriens à Madagascar) alors qu’il venait d’assister à l’investiture du nouveau Président Malgache, il a souligné l’importance qu’il a accorde au raffermissement des relations bilatérales entre Madagascar et les Comores.

Encore une fois je reviens sur cette question mais, réellement, qu’en est il des prisonniers d’origine comorienne en détention dans  les prisons malgaches ? Sont-ils oubliés par l’Etat comorien ? Quelles sont les stratégies que vous comptez adopter pour que les relations des deux pays servent aussi à ces personnes ?

Nous n’avons jamais cessé de nous préoccuper du sort de nos compatriotes qui purgent leur peine à Madagascar. C’est dans ce cadre que nous avons soumis aux autorités judiciaires Comoriennes la réactualisation de l’accord judiciaire entre les deux pays permettant aux comoriens condamnés à Madagascar de purger leur peine aux Comores et vice versa pour les malgaches. Cette convention est en cours d’études par  la partie comorienne avant d’être soumise aux autorités compétentes malgaches pour examen et signature.

Vous gagnez une popularité particulière de la part des étudiants comoriens à Madagascar. Non seulement auprès de l’association mère des étudiants, je parle de la CECOM, mais aussi au sein même de plusieurs micro-associations. Vous êtes présent dans presque toutes les activités de cette  communauté estudiantine.  Vos discours semblent aussi tourner vers l’importance de la réussite, du patriotisme et sur tout de l’Unité  nationale par la force estudiantine. Quel est actuellement le degré des relations entre l’Ambassade et la CECOM ? Y a-t-il eu des projets ?

Les étudiants comoriens n’ont d’autres parents à Madagascar que l’Ambassade et son équipe. Nous devons être proches d’eux les écouter, les conseiller et les soutenir moralement. Je me félicite des bonnes relations existantes entre la CECOM et l’Ambassade. J’apprécie vivement l’action de la CECOM en faveur des étudiants comoriens à Madagascar. La CECOM suit mon conseil, elle est en train de mettre en place une structure d’orientation des étudiants prenant en compte le facteur emploi aux Comores où le chômage des diplômés constitue une préoccupation majeure.

Je n’ai jamais cessé de marteler aux étudiants comoriens d’éviter de s’inscrire dans des établissements d’enseignement supérieur non agréés par l’Etat malgache prétextant que les frais d’écolage sont abordables. Ils ne se rendent pas service et hypothèquent leur avenir.

Certes la vie est difficile pour eux mais aussi le coût exorbitant des frais de visa de séjour que nous espérons pouvoir amener les autorités malgaches à atténuer.

Je constate aussi que la CECOM organise des formations de soutien aux étudiants et des stages sur la conception de projets à l’attention des diplômés comoriens qui envisagent de créer une affaire aussitôt rentrés au pays. Ce sont là des belles initiatives qu’il faut encourager. Parmi nos projets communs, la construction dans les villes malgaches où réside une forte Communauté estudiantine comorienne des Cités d’hébergement. Une demande de financement est soumise à un organisme arabe.

Nous avons remarqué que certains comoriens de la Grande île s’éloignent de la moralité culturelle des Comores. Une sorte de délinquance s’observe notamment l’extrême ivresse des jeunes et les bagarres nocturnes entre comoriens ou avec des malagasy ? Est-ce que vous en avez parlé avec la CECOM afin de remédier à ce problème ?

Fort heureusement ces agissements de nature à ternir notre image sont marginaux. A chaque manifestation estudiantine que nous participons, nous ne manquons pas de faire passer le message de bonne conduite qui caractérise le Comorien en tant que bon musulman.

Nous avons aussi remarqué que les comoriens ont du mal à trouver un loyer à Antananarivo. Le problème s’explique par le mauvais comportement de certains comoriens dans leurs résidences on note les troubles du voisinage et le non respect du contrat de bail etc. Ne  trouvez-vous donc pas urgent de mettre à la disposition des étudiants des cités afin de mieux être hébergé ? Ne serait ce pas d’ailleurs une solution pour instaurer la discipline et assurer la sécurité à ces étudiants ?

Je crois que j’ai répondu à cette question en évoquant le projet de construction de centres d’hébergement dans les villes où réside une forte communauté estudiantine comorienne. La recherche de financement  devra être notre cheval de bataille.

Monsieur l’Ambassadeur, les comoriens de Madagascar trouvent qu’ils méritent sur place les mêmes privilèges et tolérance que ceux dont bénéficient les malagasy qui résident aux Comores. Qu’est ce qu’on peut espérer de cette requête ?

Nous travaillons pour une amélioration de des conditions de vie de nos compatriotes à Madagascar. Les malgaches qui résident aux Comores sont aussi nos frères et sœurs outre les activités commerciales ils participent à la construction des Comores dans l’éducation, la santé et les nouvelles technologies de l’information.

Pour finir Monsieur, je demande votre avis sur l’actualité de la région de l’Océan Indien plus précisément sur la question soulevée lors de la dernière rencontre de la COI à Moroni à savoir l’intégration de Mayotte au sein de la Commission. Des débats houleux, d’après le constat des journalistes sur place, qui ont même provoqués la proposition de changer la « Commission » en « Communauté » de l’Océan Indien. Vous étiez dans le passé un premier acteur au sein de la COI et en même temps vous maîtrisez les enjeux de telles manœuvres. Alors que pensez –vous à tout cela ?

Le problème de Mayotte a toujours été considéré comme relevant des relations bilatérales entre la France et les Comores. Il n’a pas été à l’ordre du jour du conseil des Ministres à Moroni. L’accord de Victoria est clair en la matière, ce sont les Etats qui  adhérent à la COI. Il n’y a pas eu de débat houleux sur le changement de nom au sein de la COI. Les Comores ont sollicité plus d’explications sur les raisons de cette proposition de changement. Et à ce jour aucune décision n’a été prise en ce qui concerne l’idée de changer le nom Commission en Communauté de l’Océan Indien.

BEN CHARAFAINE Abdillahi HAMDI, Comores-infos à Antananarivo

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1 commentaire sur Kaambi Elyachourtu Mohamed : «La priorité de l’Ambassade c’est l’amélioration des conditions d’études et de séjour des étudiants Comoriens à Madagascar »

  1. Bonjour, bon courage à Mr l’Ambassadeur, et vivement une bonne coopération entre les deux pays malgré le fait qu’un ressortissant Malagasy aux Comores soit accusé à tort et mis en garde à vue pour premièrement, qu’il ait une carte de séjour invalide puis faute de preuve, une accusation hasardeuse pour vente de produits périmés. A croire, excusez-moi, que le plus important, donc, c’est que les institutions universitaires à Madagascar doivent impérativement s’ouvrir aux étudiants Comoriens et que les entrepreneurs étrangers qui viennent aux Comores ne peuvent contribuer à leur tour au développement économique des Îles Comoriennes? Une mission diplomatique n’est-elle pas le garant d’une bonne image de l’Etat qu’elle représente? Cela mérite réflexion pour bien mener votre mission vu que votre priorité c’est l’avenir des jeunes Comoriens à Madagascar. Bien à vous.

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