
Un événement récent illustre parfaitement les pratiques politiques tenaces aux Comores, malgré un gouvernement apparemment rajeuni. Nour El Fath, fils du président et secrétaire du gouvernement, a reçu une délégation venue exprimer sa gratitude pour la nomination d’un des leurs à un poste gouvernemental. Cette scène est symptomatique des mécanismes de redevabilité qui régissent la politique comorienne, où les nominations sont moins un moyen de réformer que de renforcer les loyautés personnelles et régionales.
Le nouveau gouvernement d’Azali Assoumani, caractérisé par une moyenne d’âge de 45 ans et des ministres trentenaires, pourrait sembler porter un vent de renouveau. Cependant, la réalité est plus nuancée. Bien que jeunes, les membres de ce gouvernement perpétuent une approche traditionnelle: ils restent redevables non pas aux citoyens, mais au président et aux figures qui ont facilité leur ascension.
Cette dynamique est profondément ancrée dans la culture politique comorienne, où la gratitude et la loyauté villageoise sont manipulées pour asseoir le pouvoir. Les citoyens, souvent en manque de maturité politique, tombent dans ce piège de redevabilité, où la simple nomination d’un « fils du village » suffit à s’assurer de leur soutien inconditionnel, sans considération pour la qualité ou l’impact des politiques menées.
Ce phénomène sociopolitique n’est pas uniquement le fait du gouvernement actuel mais une caractéristique de longue date de la politique aux Comores. Il permet une manipulation continue des populations, les enfermant dans une relation de dépendance où la gratitude envers le gouvernement prime sur une évaluation critique de son action. Ainsi, même une gouvernance jeune en apparence reste entravée par ces anciennes pratiques, où le changement véritable est sacrifié au profit de la continuité et de la soumission.
ANTUF Chaharane
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