
Il y a dix ans, personne n’aurait imaginé voir des jeunes Comoriens se droguer avec des seringues… Qu’est-ce qui nous attend après ?
Il y a dix ans, l’idée même que des jeunes Comoriens puissent sombrer dans la toxicomanie avec des seringues aurait semblé irréaliste. Aujourd’hui, la réalité est bien différente et inquiétante. Ce vendredi, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation d’un groupe de jeunes dans le quartier précaire de Moroni, connu sous le nom de Cambodge.
Alertées par des informations faisant état d’un lieu où ces jeunes se réunissaient pour manger et se droguer pendant le mois sacré de Ramadan, les autorités ont organisé une descente surprise. Sur place, la scène était choquante : ces jeunes, en plus de posséder des provisions alimentaires en plein jeûne, étaient en possession de seringues, preuve d’une consommation de drogues injectables. Un phénomène qui, il y a seulement une décennie, paraissait inimaginable aux Comores.
Le chef de la gendarmerie, s’exprimant après l’intervention, a souligné l’ampleur du drame. Car si manger pendant le jeûne est une transgression aux règles religieuses, l’aspect le plus alarmant reste cette banalisation de la drogue dure chez une jeunesse de plus en plus désœuvrée.
Certains pointent du doigt un manque d’éducation, mais la véritable cause semble bien plus profonde : la précarité. Les jeunes des quartiers défavorisés grandissent sans perspectives d’avenir, livrés à eux-mêmes dans un environnement où les parents, faute de moyens, ne peuvent plus surveiller leurs adolescents. Cette détresse sociale engendre des comportements de plus en plus extrêmes, chaque nouvelle génération repoussant les limites de ce que les précédentes considéraient comme impensable.
Le problème fondamental avec la mentalité comorienne, c’est peut-être cette illusion d’être à l’abri des maux du monde. Pendant longtemps, les Comores se sont vues comme une exception, un îlot préservé des réalités sombres qui frappent d’autres pays. Mais l’anthropologue Dr. Barwane le rappelle bien : les Comores font partie du monde. Et aujourd’hui, ce monde s’invite de plus en plus brutalement dans le quotidien des jeunes Comoriens, à travers la précarité, la perte de repères et désormais, la drogue.
Face à cette situation, une question demeure : quelle sera la prochaine étape ? Si rien n’est fait, que nous réserve l’avenir ?
ANTUF Chaharane
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