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Fixation du prix de la vanille I La filière fait face à une énorme crise

A quatre mois de la prochaine récolte, les stocks de la précédente se trouvent toujours enfermés dans les magasins et donc non vendus. Acheteurs, vendeurs et exportateurs ne cessent de multiplier les rencontres dans l’espoir de trouver une solution face à ce problème. «Pour pouvoir exporter la vanille qui est en stock à l’heure actuelle aux Comores, il faudrait d’abord qu’on revoie notre prix de vente parce que le prix qui a été fixé n’est pas du tout adossé aux réalités du marché.

Notre structure de prix locale nous impose un prix de vente à 190 dollars, ce qui est un prix excessivement élevé quand on pense que des pays comme l’Ouganda, la Tanzanie ou l’Indonésie tournent entre de 80, 90, 130 dollars au grand maximum quand c’est de la vanille certifiée», nous informe ce grand exportateur qui a requiert l’anonymat. «Il y a vraiment une crise sur la filière de la vanille qui fait qu’aujourd’hui, il n’y a pas réellement d’exportations qui se font. Il y a certes des petites exportations de 500 kilos, une tonne ou deux mais ce n’est pas cela qui va résoudre le problème ni cela qui permettra aux Comores de pouvoir vendre le stock de vanille qui se trouve dans le pays comme cela a été le cas l’année dernière», a-t-il ajouté.

Pour lui, vendre la vanille comorienne à 190 dollars, même si elle est une vanille conventionnelle de bonne qualité, leur reviendrait plus extrêmement chère. «Nous restons toujours un petit producteur de vanille et donc inconnu par les gros acheteurs américains», devait-il souligner. Quelle serait donc la solution envisagée par les exportateurs pour pallier à ce problème et pouvoir entamer la vente de la prochaine récolte ? «Nous avons demandé officieusement à obtenir de la part de l’Union européenne une subvention pour pouvoir pallier à la différence de prix permettant à l’Etat de rémunérer les producteurs au prix convenu et permettre à l’exportateur d’acheter à un prix moindre pour pouvoir vendre à un prix aux alentours de 140 et 150 dollars pour pouvoir s’en sortir.

 

Si la situation perdure à Madagascar, au mois d’avril ou mai, certains importateurs seront obligés d’importer de la vanille malgache et on va se retrouver avec un marché dont le prix va s’effondrer sans compter que la guerre en Ukraine n’aide en rien avec des prix qui sont montés en flèche», a-t-il expliqué. Ce grand exportateur de la place devait rappeler que jusqu’en 2002, les Comores exportaient jusqu’à 180 à 200 tonnes de vanille et après cette époque, le pays a fait face à la crise de 2004 et s’est retrouvé face à une situation où il ne produisait pas grand-chose. «C’est depuis ces quatre ou cinq dernières années que notre production a augmenté à nouveau grâce à la politique du chef de l’Etat qui a voulu inciter les paysans à retourner à la terre pour replanter de la vanille en leur accordant un prix de référence qui a apporté le résultat que l’on connait tous.

 

Aujourd’hui les Comores produisent entre 50 et 60 tonnes de vanille. Pour refaire un nom à la vanille comorienne à l’échelle internationale, il faudrait que notre prix soit compétitif pour attirer à nouveau les acheteurs aux Comores», a-t-il préconisé. De son coté, Youssouf Kouroissa, un préparateur et exportateur de vanille a fait savoir que le désaccord est dû au fait que Madagascar a refusé de baisser le prix et les acheteurs eux non plus ont décidé de ne plus acheter.


Pour lui, «une grande réunion d’envergure s’impose entre tous les acteurs concernés pour trouver une solution à ce problème avant la prochaine récolte. Cette année, Madagascar avait fixé le prix du kilo à 18 euros et nous avons arrondi ici pour le fixer à 10 000 francs comoriens».
Il n’y a pas de stratégie en tant que telle mise en place pour soutenir les petits et nouveaux exportateurs, nous apprend-on. L’office national de la vanille étant remplacé par l’office national des produits de rente mis en place très récemment, le ministère de la Production est en train de restructurer cet office pour espérer répondre aux attentes des petits et gros exportateurs.

Mhoudine Yahaya

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