
Dans la mémoire collective comorienne, le nom de Fatima Kari Bangwé résonne avec force et respect. Souvent associée à l’épisode tragique des femmes d’Iconi qui se sont jetées du mont Djabal pour échapper à la captivité, elle incarne la bravoure, l’engagement et la loyauté envers sa patrie. Pourtant, contrairement à ce que beaucoup croient et à ce que certaines sources en ligne laissent entendre, Fatima Kari Bangwé ne fait pas partie de celles qui se sont suicidées sur la montagne.
Fille d’un riche guerrier d’Iconi, Fatima Kari Bangwé a grandi dans une famille influente, éduquée dans l’honneur, la stratégie et l’art du combat. Très jeune, elle s’est distinguée comme une combattante farouche contre les pirates et les envahisseurs venus de Madagascar. Elle a pris les armes aux côtés des hommes, défendant les terres d’Iconi avec détermination.
Mais lors d’une attaque particulièrement violente, elle fut capturée par les pirates malgaches, alors qu’elle se battait aux premières lignes. Emmenée de force, elle a passé plusieurs années en captivité. Son courage, sa ruse et sa dignité ont marqué ceux qui l’ont croisée pendant cette période. Elle a finalement été libérée et est revenue à Iconi, accueillie en héroïne.
C’est en raison de son rôle central dans la défense d’Iconi, et de la confusion souvent faite entre les héroïnes de la bataille et celles du sacrifice, que son nom a été associé au groupe de femmes qui se sont jetées du mont Djabal. Mais l’histoire authentique mérite d’être rétablie : parmi les femmes qui ont choisi de se jeter dans le vide après avoir combattu, on se souvient notamment de Maréchando, une figure moins connue, mais tout aussi héroïque.
Aujourd’hui, Fatima Kari Bangwé reste un symbole puissant de résistance féminine et d’attachement à la patrie, non pour s’être donné la mort, mais pour avoir combattu avec honneur, survécu à la captivité, et porté haut les valeurs d’Iconi. Elle appartient à ces femmes d’histoire dont le nom transcende les récits, parce qu’elles ont osé se dresser là où d’autres auraient fui.
ANTUF Chaharane
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