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Être comorien, étudier à Dakar au Sénégal

La vie d’un étudiant étranger en général et Comorien en particulier au Sénégal constitue un parcours du combattant.

Le Sénégal pour un étudiant Comorien, est une destination de choix à cause des images véhiculées à travers le monde via les organes de presse. A vrai dire, la formation supérieure au Sénégal est en avance dans plusieurs compartiments par rapport aux autres pays Africains. Les Comoriens sont attirés en premier lieu par cet aspect. Mais une fois arrivés, plusieurs d’entre eux sont déçus et changent catégoriquement de discours.

comores-senegal Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Tout d’abord, la déception est d’ordre environnemental. En effet, pour nous Comoriens, ayant l’habitude d’un climat clément et non capricieux sans une chaleur torride ni un soleil accablant, débarquer à Dakar est un vrai choc. Nous trouvons sur  place un soleil saharien mais aussi une ville où il ne pleut presque jamais. ça change vraiment de nos îles.

Mais là où le bât blesse, ce sont les conditions de vie financièrement parlant mais aussi celles de la formation.

Dakar est devenu la seconde ville Africaine la plus chère à vivre derrière Luanda en Angola. Ce qui exige des moyens financiers colossaux qui ne sont généralement pas dans les cordes de nos familles. La vie Dakaroise a basculé définitivement dans une autre dimension depuis 2005. Sachant que les Comores font partis des rares pays qui n’octroient pas de bourses pour ses étudiants, Ces derniers ont de plus en plus de difficultés pour joindre les deux bouts. Pourtant le Vice-Président, devant ces mêmes étudiants, a estimé que «  la richesse du pays résidait dans ses ressources humaines ».  Justement une aide de l’Etat ne serait pas de trop tant les familles qu’elles soient en France ou aux Comores éprouvent les plus grandes peines pour assumer financièrement les besoins  qui découlent des études de leurs enfants tout en venant à la rescousse  aux autres membres de leurs familles respectives. « Deux autres phénomènes mettent en danger aussi ces étudiants. La famille ayant déjà eu un de ses membres à Dakar avant 2005 et les familles sympathisant avec d’autres familles ayant des membres à Dakar. Les premières se fient généralement aux dires de ceux qui ont déjà vécu dans le Sénégal d’avant et les secondes mettent en place une forme de comparaison sur ce que l’autre envoie ou envoyait sans se renseigner de l’exactitude des différentes conditions de vie des uns et des autres. »Confesse un étudiant qui a requis l’anonymat. Les loyers, les factures mais aussi les denrées alimentaires connaissent une hausse vertigineuse depuis 2006.

Quant à la formation, plusieurs changements sont notables dans le privé mais aussi dans le public.

Dans le privé, les problèmes concernent  les mensualités anormalement chers ainsi que les dates butoirs pour les payer, qui dans la plupart des établissements, ne dépassent pas le 05 de chaque mois sous peine d’un non accès aux locaux. On précise que contrairement aux Comores, à Dakar, on paye avant de suivre la formation, on paye le loyer avant d’y habiter, on paye les frais de transport avant d’arriver à destination…

Dans le public, plusieurs maux sont répertoriés. Les montants très exagérés des inscriptions qui vont de 200% à 300% pour cent par rapport au prix dont les nationaux doivent s’acquitter. Dès la rentrée prochaine, il paraît que les choses vont se corser puisque les locaux auront désormais à payer le montant actuel des étrangers et bien évidemment ces derniers devront payer l’addition en triplant carrément le montant de leurs inscriptions actuel. Ce processus est en cours de négociation et il n’est pas encore entériné. Les étudiants Comoriens devraient bénéficier en principe, à l’instar des autres nationalités ayant un accord avec l’Etat Sénégalais, de l’accès aux restaurants universitaires. Ce qui constitue un handicap non négligeable pour eux.

La santé constitue aussi un facteur  dont on ne peut négliger. En effet, tomber malade au Sénégal est la chose la plus craint par les étrangers tant les frais médicaux sont vraiment outranciers. Sans l’aide significative de nos compatriotes médecins, être malade  à Dakar serait plus que préjudiciables pour l’étudiant Comorien puisqu’il serait synonyme de ruine.

D’une manière brève, vivre et étudier à Dakar  sont des luxes dont nous ne pouvons pas nous permettre et pourtant, les Comoriens affluent massivement. Sans doute parce que si on leurs fait un petit débriefing de la vie dakaroise, ils estiment que les gens y sont et ne veulent surtout pas que les autres les rejoignent.

Med Youssouf / Comores infos au Sénégal

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