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Des mafieux italiens ont reçu des aides agricoles européennes

La Sicile s'est taillée la part du lion avec environ 1,8 million d'euros obtenus par des mafieux, condamnés à les rembourser.

Des mafieux notoires ont reçu des centaines de milliers d’euros d’aides européennes destinées à l’agriculture pendant des années en profitant d’une faille juridique, ont révélé des décisions de la Cour des comptes italienne vendredi 23 novembre.

Des délinquants condamnés et des suspects surveillés par la police ont reçu en vertu de la politique agricole commune européenne des aides allant ponctuellement jusqu’à 153 000 euros. Les sentences de la Cour des comptes, qui exigent une restitution de ces subventions, montrent que plus de 2 millions d’euros ont été versés en vingt ans à des mafieux, y compris à certains qui étaient alors en prison. La Sicile s’est taillée la part du lion avec environ 1,8 million d’euros obtenus par des mafieux, condamnés à les rembourser.

La législation italienne interdit de verser des aides à des personnes condamnées mais tant que le montant est inférieur à 153 000 euros, il n’y a pas besoin de certificat anti-mafia, un document officiel qui prouve que le bénéficiaire n’est pas poursuivi pour crimes mafieux.

« C’EST INEXCUSABLE »

« Jusqu’à il y a deux mois, nous n’avions même pas une liste des mafieux » pour contrôler les destinataires des fonds, se plaint Giancarlo Nanni, directeur de l’AGEA, l’agence italienne qui gère les aides européennes à l’agriculture.

Parmi les exemples les plus frappants on trouve Gaetano Riina, frère de l’ancien « capo dei capi », le boss Salvatore Riina, actuellement en prison. Gaetano Riina, arrêté l’an dernier et accusé d’avoir tenté de reconstruire l’empire de son frère, a reçu plus de 42 000 euros en 1997. Un autre bénéficiaire a été Antonio Piromalli, membre de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, qui a obtenu 25 720 euros pour ses plantations d’oliviers en 2005, 2008 et 2009.

La représentation de la Commission européenne à Rome a souligné que c’est « aux pays membres de prévenir et gérer les illégalités et récupérer les aides indûment perçues ». Fabio Granata, un ancien avocat pénaliste membre de la commission parlementaire anti-mafia, s’est dit choqué de ces informations. « Je n’en crois pas mes yeux ! C’est un problème de volonté politique, c’est inexcusable », a réagi ce député originaire de Sicile.

M. Granata, qui soutient le gouvernement régional de centre-gauche à peine élu en Sicile, a annoncé la confection « d’une liste noire des personnes condamnées non seulement pour crimes mafieux mais aussi pour des faits de corruption ». Mais il faudra selon lui « plusieurs mois » car la région est toujours un fief de la mafia.

Lire aussi : L’UE déclare la guerre aux détournements de fonds européens

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