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Des enseignants à Mohéli s’embarquent dans le kwassa pour fuir vers Mayotte

L’île comorienne de Mayotte est devenue la destination privilégiée des comoriens soit pour des soins médicaux, soit à la recherche des partenaires conjugaux ou tout simplement pour une vie branchée. Dans ces cinq dernières années, la tendance est inquiétante au niveau de Mohéli. Une élite mohelienne ,la plupart des enseignants tout discipline confondues s’estiment déconsidérés, délaissés, déshonorés et certains se disent traqués , s’embarque dans le Kawassa au péril de leur vie. Un phénomène qui inquiète plus d’un. Nous sommes entrés en contact avec certains d’entre eux pour recueillir leurs points de vue.

Est-ce un sauve-qui-peut ou rassemblement d’un bombe à retardement ? Le phénomène d’une fuite de cerveau compromet décidément l’ avenir de l’île de Djumbe Fatma .
« Quand nous avons fini les élections présidentielles de 2011, les partisans d’Ikililou de mon village m’ont laissé entendre que j’aurais rien pendant les 5 années de règne d’Iki car j’étais un partisan de Djabir. Et vu que j’étais déjà employé pendant un an sans salaire, j’ai décidé de quitter le pays. Je ne voyais aucune alternative pour m’intégrer à la fonction publique » Explique sous l’anonymat ce haut cadre de l’éducation. « Heureusement, je suis rentré légalement à Mayotte. Mais pour ceux qui prennent le kwassa, c’est une grande lutte et quand il y a une lutte, il y a un sacrifice. Ils sont obligés de prendre le kwassa car ils n’ont pas le choix. Quand le moment est venu de le prendre, rien ou personne ne t’empêche de le prendre » poursuit-il.
Quant à la question de l’insécurité à Mayotte « je me sens déjà mieux ici qu’à Mohéli. L’insécurité est partout. Ici, elle est orchestrée par les délinquants, donc, elle est simple de porter des solutions. Et en plus, ici les coupables sont appréhendés plus vite et purgent leur pêne en prison. Par contre, chez nous ce n’est pas le cas. La violence est faite, en grande partie, par le pouvoir en place. On connaît beaucoup d’assassinats sans connaître les coupables ».
Pour un autre enseignant du lycée que nous avons pu interroger, il parle d’un désespoir d’un avenir meilleur. « Le système comorien privilégie des relations familiales, amicales et de subordination. Si tu n’es pas dans ces intervalles, quoique tu vailles, tu seras toujours mis à la marge du système » regrette-t-il. Pour le risque, « C’est un grand risque évidemment mais la vie est un piège sans fin, dit-il, donc prendre ce risque vaut la peine.
Ce jeune cadre rassure qu’il vit mieux qu’à Mohéli malgré l’insécurité. « Ici je vais vivre avec le danger, mais je vis avant tout comme doit vivre un être humain ». Et pour les autres cadres qui souhaiteraient les joindre à cet eldorado « Je leur dirais de bien réfléchir avant de s’embarquer car c’est un choix difficile qui demande de la maturité, de la responsabilité, de sacrifices, de la résistance et de la patience ».
Quant à Ali Mari Djaanfar, un enseignant de Français qui a brillé au Lycée de Fomboni et dans les privées dit avoir quitté son île malgré son attachement pour plusieurs raisons : « Avec la complicité d’Azali, Fazul a trahi la confiance des moheliens. Ses promesses électorales sont utopiques » accuse -t-il avant de poursuivre « En acceptant la révision de la constitution pour une émergence qui ne verra jamais le jour, Fazul a enterré l’espoir de la jeunesse dans le domaine politique. Il a, par son accord, participé à l’installation de la dictature, de la tyrannie aux Comores. À cause d’eux, il n’y a a aucun droit humain au pays » . Pour Djaanfar, la tournante et l’autonomie des îles qui avaient facilité la vie des citoyens et créé des débouchés pour toutes les couches sociales sont devenues une vielle histoire. « L’île de Mohéli est retombée aux oubliettes. La politique des  » glacières et des régimes de bananes » renaît ». Et lui de poursuivre son diatribe « Le pays et Mohéli particulièrement est invivable. J’ai préféré m’installer à Mayotte pour sauver ma progéniture et mettre en valeur ma dignité, mon savoir-faire. Ici à Mayotte, malgré l’insécurité qui est un souci important pour tous, on n’a pas la dictature. Je penserais à un retour dans l’île après le typhon azalistique ».
Riwad

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