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Coronavirus : Cache-nez, le nouveau business

Dans les rues de Mutsamudu, s’il y a quelque chose qui est devenu remarquable ces derniers jours, ce sont les cache-nez. Ils sont partout, aussi bien sur les visages, pour offrir une protection contre la transmission du Covid19, mais aussi aux mains de vendeurs ou de distributeurs humanitaires.

Reconnu comme l’un des moyens de prévention contre la terrible pandémie, le cache-nez, appelé par d’autres « masque », est tout simplement devenu incontournable, tant du point de vue purement sanitaire que commercial.
Car en ces temps d’incertitude économique, où toutes les activités ont pris du plomb dans l’aile, la fabrication artisanale et le commerce de ces bouts de tissu censés vous couvrir nez, bouche et menton est devenue le nouveau moyen d’arrondir les fins des mois pour beaucoup de gens. Certains, comme ce marchand ambulant croisé le lundi matin dans les rues de Mutsamudu, ont carrément mis une parenthèse à leur activité habituelle, pour se consacrer exclusivement à ce nouveau business.
« Moi j’ai pensé que c’est un moyen d’aider les gens à lutter contre la propagation de cette terrible maladie. Certains achètent, d’autres disent qu’ils n’en ont pas besoin car, selon eux, cette maladie n’existe pas chez nous. Je les vends ici au marché, car c’est un endroit où il se concentre beaucoup de gens, qui ne se donnent forcément pas la peine de se protéger », a confié Anzad Ahmed, le vendeur ambulant de produits cosmétiques, reconverti en fabricant de cache-nez. Son produit est fait avec deux couches de tissus superposés, et coûtent 250 francs l’unité. « J’ai choisi un prix abordable, à la mesure du niveau de vie de notre pays », assure-t-il.

Des nouveaux fabricants ou vendeurs de masques comme Anzad, il y en a de plus en plus nombreux, dans toutes les localités de l’île. Car le port du masque devient de jour en jour obligatoire dans les espaces publics. Ce début de semaine, plusieurs passagers sans masque ont d’ailleurs été sommés par les forces de l’ordre de descendre de leurs taxis pour s’en procurer un, avant de pouvoir de nouveau continuer leur trajet à bord. De même, certains marchands, notamment à Mutsamudu et à Domoni, ont été arrêtés (parfois avec une certaine violence) et embarqués, faute de l’avoir porté.

Mais si les vendeurs pullulent, profitant de la demande de plus en plus croissante des masques, nombreux sont aussi les gens charitables, regroupés au sein d’associations, qui distribuent gratuitement ces objets. C’est le cas depuis quelques semaines à Domoni, mais aussi à Mutsamudu. Abdouroihmane Massoundi, qui fait partie d’un groupement d’associations de Mutsamudu, explique cette initiative. « Nos frères de la diaspora de France ont créé l’association Activ Together, et nous ont demandé de nous fédérer, nous les associations d’ici, pour assurer la distribution de masques qu’ils nous ont donnés. Ce sont des masques bien aux normes. Nous allons les distribuer aux vendeurs du marché (de Hampanga). »

Il faut juste noter que dans cette course à la fabrication et au commerce des cache-nez, ce n’est pas forcément tout le monde qui propose des produits aux normes sanitaires irréprochables. Un autre problème sur lequel devra se pencher le comité scientifique de lutte contre le Covid19, si l’on en croit le porte-parole du gouvernement.

Nifayi Jaffar et Jean Labite / Canal Anjouan

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