Mutsamudu, 11 juin 2024 – Une révolte inédite a éclaté ce mercredi matin à l’hôpital de Hombo, principal établissement de santé de l’île d’Anjouan, dans la capitale Mutsamudu. À visage découvert, médecins, techniciens et autres agents hospitaliers ont manifesté leur colère contre la direction, dénonçant licenciements abusifs, salaires misérables et conditions de travail dégradantes.
Le point de départ de ce mouvement social : le renvoi de six agents du laboratoire, sanctionnés pour avoir revendiqué leurs droits élémentaires. Une décision vécue comme une provocation de trop dans un contexte déjà tendu.
Soutenus par des fonctionnaires et de nombreux contractuels, certains ayant travaillé pendant plusieurs années en quasi-bénévolat avant d’être enfin embauchés, les grévistes exigent non seulement la réintégration de leurs collègues, mais aussi le paiement de huit mois d’arriérés de salaires. La majorité d’entre eux perçoit entre 50 000 et 60 000 francs comoriens par mois, soit moins de 120 euros, un montant jugé dérisoire compte tenu de la charge de travail et des responsabilités sanitaires qu’ils assument.
Au cœur de leur dénonciation, une gestion décrite comme « opaque et autoritaire », incarnée par le directeur actuel de l’hôpital, dont ils réclament sans détour le départ. Les manifestants accusent ce dernier de les traiter « comme des esclaves », dans un climat de mépris et d’exploitation.
Un reflet des maux profonds du système de santé comorien
La situation à l’hôpital de Hombo est loin d’être un cas isolé. Elle illustre les nombreuses failles du système de santé comorien : manque chronique de moyens, personnels non titularisés, infrastructures vétustes, et gestion souvent politisée des établissements.
Hombo, censé être l’un des centres hospitaliers les plus importants du pays, manque cruellement de ressources humaines, d’équipements médicaux de base et de budget. À travers cette mobilisation, c’est toute une profession à bout de souffle qui crie son ras-le-bol, dans un pays où l’accès à des soins de qualité reste encore un privilège.
Alors que les autorités restent silencieuses pour le moment, la mobilisation des soignants d’Anjouan pourrait bien marquer un tournant dans la lutte pour la dignité du personnel de santé aux Comores.
ANTUF chaharane


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