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Cité universitaire de M’vouni, le mal-être des étudiants

Les étudiants de l’Université des Comores site de M’vouni ont repris les cours depuis le début du mois de décembre. Les années passent et se ressemblent : les étudiants déplorent les mauvaises conditions qu’ils rencontrent à Mvuni. Reportage.

Il est 10 heures et 40 minutes lorsqu’on arrive dans la grande cour du site principal de l’Université des Comores à M’vouni. Sur ce grand espace où se garent les bus et autres véhicules, les étudiants font des allers-retours. L’ambiance des lieux et les conditions de vie sont restées les mêmes plusieurs années après. Aucun changement notable n’est effectué depuis belle lurette. Les étudiants souffrent pour se rendre à l’Université, les toilettes laissent à désirer. Les carreaux blancs sont gris, des bouteilles en plastiques jonchent le sol. Le quotidien dans ce lieu (se nourrir, fréquentation de la bibliothèque, salles de classes bondées, des petits coins pour les fumettes) n’a connu aucune amélioration. Sont malchanceux ceux qui ne résident pas à M’vouni mais dans les périphériques car ils ont du mal à s’arracher une place dans la salle de classe. « C’est le calvaire pour avoir une place », regrette Abdou Mohamed. Lui, il est étudiant en première année de Lettres Modernes Françaises. Il habite dans la région Hambou, à une douzaine de kilomètres de la capitale, Moroni. « Rien n’est plus facile. Certes c’est une bonne chose d’avoir une université, mais il faut aussi savoir mettre en place les moyens et conditions nécessaires qui permettraient à tous de suivre les cours et de se sentir à l’aise », souhaiterait-il.

Des moyens et des conditions nécessaires, Abdou Mohamed touche le fond du problème car à l’université de M’vouni, les problèmes sont nombreux mais les solutions tardent à venir. « Moi je viens de Mbeni mais je vis à M’vouni. Je m’appelle Nassufdine et je suis étudiant en troisième année de la faculté de droit. Depuis ma venue ici il y a déjà trois ans, les conditions sont toujours les mêmes. En plus d’avoir du mal à avoir une place, les salles sont bondées et il n’y a pas de sonorisation », nous confie-t-il depuis la terrasse de sa salle de classe. Nassufdine s’indigne et reprend les mots de Abdou Mohamed.

« Dans une salle qui peut accueillir jusqu’à 500 personnes, il faut être matinal pour espérer une place dans les 5 premiers rangs car sinon, tu ne peux pas suivre le cour », soutient-il mais comparant la première année à ce dernier niveau, Nassufdine dit que « la première année c’était plus maladroit ». Dans l’émotion, ce jeune étudiant parle d’insécurité dans les lieux et de ces gens qui, munis de couteau, traversent cette cour du cité pour se rendre dans leurs champs. « C’est inadmissible que des gens avec des haches et des couteaux traversent un endroit plein de jeunes pour se rendre au champ. L’administration doit prendre des dispositions. Pourquoi ne pas mettre une clôture ? » s’interroge-t-il.

Le plus grand mal des sites universitaires des Comores, c’est l’hygiène dans les sanitaires. Nassufdine évoque volontiers la problématique et affirme qu’ « il y a des gens qui sont ici depuis trois ans mais qui n’ont jamais fait leurs besoins dans les toilettes car ils ne se sentent pas à l’aise. Ils déplorent le plus souvent la puanteur des lieux ». Même avis pour Mariama Ali. Cette étudiante en deuxième année de sciences économies affirme que les toilettes sont dans un état déplorable et surtout pour les femmes. « Les femmes sont des personnes sensibles. Il suffit d’un rien pour attraper un microbe. Et je t’invite à faire un tour dans les quelques toilettes opérationnelles pour constater par toi-même. Il y a celles qui s’y rendent mais c’est dans l’extrême urgence », affirme-t-elle.

Les maux de l’université sont nombreux. Les étudiants manquent de tout. Les mesures barrière contre le coronavirus ne sont pas respectées malgré les dispositions annoncées avec fanfare. Aucun étudiant ne porte de masque. Les enseignants sont loin d’être exemplaires. La bibliothèque, peu sont ceux qui s’y rendent. La raison : le piètre état du bâtiment, où mêmes les bêtes auraient du mal à vivre.

A.O Yazid / LGDC

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