
C’est officiel, les Comores sont désormais le 165ème membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Une adhésion qui, malgré dix-sept ans de négociations, laisse planer de sérieux doutes quant aux bénéfices réels pour l’économie comorienne, fragile et peu diversifiée. Nombreux sont ceux qui craignent que cette intégration n’apporte plus de pertes que de gains pour le pays.
La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a accueilli cette nouvelle en soulignant que les Comores pourraient utiliser leur adhésion comme un levier pour la modernisation et la transformation économique, tout en soutenant leur intégration régionale sur le continent africain. Cependant, ces perspectives optimistes peinent à convaincre au niveau national.
Interrogé par nos confrères d’Al-Watwan, Hamidou Mhoma, vice-président de la Nouvelle organisation patronale des Comores (Opaco), voit dans cette adhésion une « opportunité unique » d’accéder à de nouveaux marchés et d’attirer des investissements étrangers. Mais il reste prudent : « L’absence d’un tissu productif solide et la faiblesse de nos exportations, basées essentiellement sur les produits de rente, soulèvent des interrogations légitimes sur les bénéfices concrets que le pays pourra tirer à court terme », a-t-il déclaré.
En effet, les Comores reposent principalement sur l’exportation de la vanille, des huiles essentielles et des clous de girofle, des produits qui, à eux seuls, ne suffisent pas à soutenir une économie durable dans le cadre des exigences de l’OMC. Pour Hamidou Mhoma, toujours interrogé par Al-Watwan, il est essentiel de diversifier l’économie et de développer de nouveaux produits d’exportation. « Réfléchir à de nouveaux produits ne signifie pas qu’on pourra exporter du jour au lendemain, mais à moyen terme, nous pourrions offrir des produits qui attireraient l’attention des marchés internationaux », a-t-il précisé.
Farahate Mahmoud, vice-présidente du Mouvement des entreprises comoriennes (Modec), également interrogée par nos confrères d’Al-Watwan, partage cette vision mitigée. Bien qu’elle reconnaisse les avantages potentiels pour le secteur privé, notamment en matière d’accès aux marchés internationaux et de régulation du commerce, elle attire l’attention sur les conséquences possibles de la disparition des barrières douanières, une source majeure de revenus pour le pays. « Il aurait fallu que les pouvoirs publics élargissent leurs sources de revenus depuis des années, ce qui n’a pas été fait », a-t-elle souligné.
Ainsi, alors que les Comores viennent de franchir le pas de l’adhésion à l’OMC, la question qui se pose est de savoir si cette décision, prise après tant d’années d’efforts, ne risque pas de se retourner contre l’économie nationale. Pour le moment, les inquiétudes l’emportent, et nombreux sont ceux qui redoutent que le pays n’ait rien à gagner mais tout à perdre dans cette nouvelle aventure internationale.
ANTUF Chaharane
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