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Celui qui a fui le combat a réduit au silence le héros : le triste destin de Campagnard face à Azali

Il y a des moments où l’histoire se raconte à travers les choix des hommes. Et parfois, ce sont les plus courageux qui en paient le prix. En octobre 1995, alors que les Comores sont une nouvelle fois secouées par une tentative de coup d’État orchestrée par le mercenaire français Bob Denard, deux figures militaires se retrouvent face à leur destin : d’un côté, le colonel Mohamed Soilihi, surnommé Campagnard, qui prend les armes ; de l’autre, Azali Assoumani, qui choisit de se réfugier à l’ambassade de France.

Cette scène, encore gravée dans la mémoire collective, résume à elle seule un paradoxe douloureux : celui qui a fui le combat dirige aujourd’hui le pays, tandis que celui qui a combattu pour la patrie a été réduit au silence.

Alors que les mercenaires prennent position et sèment le chaos, Campagnard fait partie des rares militaires à organiser une riposte. Blessé durant l’affrontement, il conserve depuis une démarche boiteuse, cicatrice visible de son engagement patriotique. Ce geste de bravoure, reconnu même par ses adversaires, lui vaudra l’admiration d’une large partie de la population.

À l’opposé, Azali Assoumani, alors jeune officier, choisit de se mettre à l’abri dans les locaux de l’ambassade de France, selon plusieurs sources diplomatiques. Ce retrait sera interprété par certains comme de la prudence… et par d’autres comme une désertion.

Malgré cette différence flagrante, c’est Azali qui gravit les échelons du pouvoir. En 1999, il s’empare de la présidence par un coup d’État militaire. En 2002, il est élu au suffrage universel. Il quitte le pouvoir en 2006, mais revient en 2016. Dès 2018, il modifie la Constitution en supprimant la présidence tournante entre les îles, brisant un consensus fragile.

Réélu en 2019 dans un climat tendu, marqué par l’arrestation d’opposants et les accusations de fraude, Azali concentre aujourd’hui l’essentiel des pouvoirs, malgré les critiques de l’opposition, de la société civile et de la diaspora.

Campagnard, lui, tente un retour politique en 2019. Candidat à la présidentielle, il termine en quatrième position. Il dénonce aussitôt des fraudes massives et annonce la formation d’un Conseil national de transition, appelant à la désobéissance civile.

Mais le 28 mars 2019, il est arrêté dans des conditions troubles. Libéré quelques jours plus tard, il rétracte publiquement ses accusations et félicite Azali pour sa victoire. Depuis, plus aucune apparition publique, plus aucune déclaration.

Ce silence prolongé alimente les rumeurs. Beaucoup soupçonnent qu’il a été intimidé, torturé, ou placé sous pression, comme d’autres opposants. Une hypothèse renforcée par le contexte de répression qui entoure le régime en place.

Cette tragédie silencieuse interroge. Pourquoi le héros est-il effacé ? Pourquoi le pouvoir se concentre-t-il dans les mains de celui qui n’a pas défendu le pays quand il le fallait ?

Le contraste entre ces deux hommes incarne une réalité comorienne douloureuse : le courage n’est pas toujours récompensé. Pire, il dérange. Et ceux qui l’ont montré deviennent parfois des cibles à abattre.

Aujourd’hui, le colonel Campagnard boite toujours, loin des caméras, loin du pouvoir, loin de cette République qu’il a pourtant défendue au péril de sa vie. Tandis qu’Azali Assoumani, qui s’était réfugié dans une ambassade, règne sur le pays d’une main de fer.

Said Hassan Oumouri 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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