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Baccalauréat en déroute : Le cri d’alarme face aux chiffres médiocres et le manque crucial de formation des professeurs !

Depuis les vingt dernières années, le pays fait face à une réalité alarmante : les résultats décevants à l’examen du baccalauréat. En 2023, le taux d’échec national frôle les 70%, malgré une légère amélioration observée en 2022. Cette situation préoccupante soulève des questions quant à la qualité de l’enseignement et met en évidence une importante disparité entre les différentes îles.

 

À Anjouan , par exemple, le taux de réussite avant le rattrapage était déplorable, se chiffrant à seulement 12%. Après le rachat, les chiffres ont augmenté légèrement, atteignant 17,89% pour les admis et 27,64% pour les candidats autorisés à subir les épreuves de rattrapage. Bien que l’île ait comptabilisé 152 mentions « assez bien », cela ne suffit pas à dissimuler le manque criant de résultats satisfaisants.

 

La situation s’avère encore plus préoccupante à Ngazidja, où les chiffres sont particulièrement alarmants. Sur 6067 candidats ayant passé l’examen, seulement 724 ont été déclarés admis, soit un maigre pourcentage de 11,94%. Le nombre de candidats autorisés à passer les épreuves du deuxième groupe atteint 1 584, représentant 23,97% du total des candidats. Cette situation inquiétante a suscité la déception du président du jury, qui a dû faire face à des fraudes malgré des mesures de sécurité renforcées. Il a donc lancé un appel urgent aux autorités préfectorales et communales afin de sauver le système éducatif et d’améliorer la surveillance des examens.

 

Au cœur de cette problématique se trouve également le manque de formation des professeurs en matière de pédagogie. Des enseignants présents lors de la réunion du jury ont eux-mêmes pointé du doigt cette lacune, mettant en évidence que le taux de réussite initial de 27,52% aurait pu être amélioré si des stratégies pédagogiques adéquates avaient été mises en place. Malheureusement, les décisions prises par les responsables du jury ont eu des répercussions négatives sur les candidats, engendrant des pénalités pour des copies jugées similaires.

 

Heureusement, des lueurs d’espoir émanent de Moheli , où les résultats se sont avérés meilleurs qu’ailleurs. Le centre de Fomboni a enregistré un taux d’admission de 45,03%, le pourcentage le plus élevé parmi les centres d’examen de l’Union des Comores. Cependant, même avec ces résultats encourageants, le président du jury a noté une baisse par rapport à l’année précédente, où le taux de réussite avait été plus élevé à 58%.

 

Face à cette réalité alarmante, il est grand temps que les professeurs se remettent en cause et prennent conscience de l’impact crucial de la formation en pédagogie. Il est impératif que les autorités éducatives accordent une attention particulière à cette question et fournissent aux enseignants des formations continues pour améliorer leurs compétences pédagogiques. Une approche pédagogique adaptée, novatrice et efficace est essentielle pour susciter l’intérêt et la motivation des étudiants, leur offrant ainsi de meilleures chances de réussite au baccalauréat et, par extension, dans leur parcours académique et professionnel.

 

Le système éducatif des Comores doit être revitalisé et repensé de manière globale, en impliquant tous les acteurs, y compris les professeurs, les autorités éducatives et la société dans son ensemble. Une éducation de qualité est un pilier fondamental du développement du pays, et il est temps de s’attaquer aux problèmes profonds qui minent les résultats au baccalauréat depuis tant d’années. Seule une remise en question collective et une volonté de changement pourront tracer la voie vers un avenir éducatif plus prometteur et fructueux pour les générations futures.

Misbah Said, professeur de Mathématiques à Paris 

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