Dans un communiqué de presse diffusé ce week-end, le groupe Cofipri sort de son silence pour “répondre aux nombreuses allégations mensongères de Monsieur Shémir Kamoula” et clarifier “l’état d’avancement du contentieux qui dure depuis plus de 10 ans” entre les deux parties. L’entreprise affirme que contrairement aux propos tenus récemment par M. Kamoula, ce dernier leur resterait redevable de plus de 2,8 millions d’euros, et non l’inverse.
L’affaire remonte à 2012, lorsque Cofipri s’est associé à l’homme d’affaires comorien Shémir Kamoula pour développer des activités d’importation et de distribution dans l’archipel. Cofipri affirme avoir injecté des sommes importantes dans la société Nicom, contrôlée par M. Kamoula, pour appuyer le développement de ses activités. Mais très vite, le groupe dit avoir constaté que leur partenaire “n’honorait aucun de ses engagements” et agissait “de façon indélicate”.
Un premier contentieux aurait éclaté dès 2014, lorsque Cofipri a entrepris de recouvrer ses créances. Des procédures ont alors été lancées en France, au Luxembourg et à Moroni. Le groupe souligne que dans plus de vingt procédures menées hors de l’Union des Comores, M. Kamoula aurait systématiquement été débouté. Les deux dernières décisions en date ont été rendues à Mayotte, le 16 juin 2025, où le juge de l’exécution de Mamoudzou aurait définitivement rejeté les contestations de M. Kamoula.
Au cœur du litige : un jugement du Tribunal de Luxembourg du 28 mars 2017, confirmant une dette de 3 565 274,28 €, plus intérêts, à la charge de M. Kamoula. Cette décision a été confirmée en appel en décembre 2019 et est, selon Cofipri, définitive.
Pour faire exécuter cette décision, Cofipri a procédé à la saisie de biens immobiliers à Mayotte, revendus 3 343 620 € en mai 2022. Après déduction, la dette restante s’élevait encore à 1 923 105 €, auxquels s’ajoutent les intérêts.
Cofipri a ensuite identifié d’autres actifs aux Émirats Arabes Unis, où trois immeubles appartenant à M. Kamoula ont été saisis à l’été 2024. Une mesure de Travel Ban lui avait également été imposée, l’empêchant de quitter le pays tant que sa dette n’était pas réglée. Toutefois, une suspension temporaire de la procédure a permis à M. Kamoula de quitter Dubaï en avril 2025, après huit mois de séjour forcé.
De retour à Moroni, M. Kamoula aurait lancé de nouvelles procédures judiciaires contre Cofipri. Des démarches que le groupe qualifie de “manœuvres abusives” et de “tentative de manipulation de la justice comorienne”. Dans son communiqué, Cofipri dénonce une “insécurité judiciaire entretenue par une minorité de magistrats” et appelle les plus hautes autorités politiques comoriennes à garantir l’intégrité des institutions.
Le groupe rejette fermement les affirmations selon lesquelles il serait débiteur de M. Kamoula, qualifiant ces déclarations de “contre-vérités”. Cofipri insiste : à ce jour, M. Kamoula reste redevable de plus de 2,8 millions d’euros, et le groupe Cofipri n’a jamais été condamné à lui verser quoi que ce soit.
Le groupe Cofipri assure qu’il entend poursuivre l’exécution de ses droits, “aux Émirats Arabes Unis ou ailleurs dans le monde”, et que de nouvelles actions judiciaires seront engagées dans les prochaines semaines. Il appelle enfin M. Kamoula à “cesser de se comporter de façon équivoque avec certains magistrats comoriens”, un comportement qui “porte atteinte à l’image de la justice comorienne” et crée un “climat d’insécurité judiciaire” dommageable au pays.
IBM



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