
La Cour de sureté de l’État a remis la semaine dernière en liberté provisoire les personnes suspectées de « tentative de déstabilisation » dans l’affaire dite Bapalé, du nom de ce militaire décédé au cours d’un interrogatoire au camp militaire de Sangani au mois d’avril 2021.
Cela sonne comme des mesures d’apaisement. Quelques semaines après la tenue de procès relevant de la Cour de sureté de l’État les 19, 20 et 21 mars derniers, la même juridiction a décidé d’accorder la liberté provisoire aux suspects d’une autre affaire beaucoup plus récente par rapport à celles dont les procès viennent d’avoir lieu. Il s’agit de l’affaire communément appelée « affaire Bapalé », du nom de ce major de l’armée admis à la retraite, décédé dans la nuit du 8 au 9 avril 2021 au cours d’un interrogatoire au camp militaire de Sangani à Anjouan suite à une enquête sur une tentative de déstabilisation du pays.
Une dizaine de personnes qui étaient arrêtées et placées en détention préventive à Anjouan viennent d’être toutes relâchées, a-t-on appris de source judiciaire. « Ils sont en liberté provisoire », précise le procureur de la République près du tribunal de première instance de Mutsamudu, et accessoirement vice-président de la Cour de sureté de l’État, Mohamed Amane. Ces mesures interviennent alors que les 19, 20 et 21 mars derniers trois procès relevant de la même Cour sont tenus à Anjouan. Il s’agit de l’affaire Loukmane Badrane qui faisait exploser des mines, celle du gouverneur déchu d’Anjouan qui avait essayé d’organiser une manifestation à Mutsamudu pour s’opposer aux réformes constitutionnelles de 2018, et enfin celle de Bobocha qui avait tenté d’attenter à la vie du chef de l’État au moyen d’explosifs devant être embarqué dans son avion.
Après la mort de Bapalé, le gouvernement avait annoncé l’ouverture d’une enquête aussi bien au niveau de l’armée, que du parquet de Mutsamudu « pour élucider les circonstances de cette mort tragique et déterminer les responsabilités des uns et des autres ». Il avait dit « s’engager à tout mettre en œuvre pour que les premiers éléments d’investigations soient rendus publics aussitôt qu’ils seront disponibles, et pour que tout responsable d’acte répréhensible, que ce soit de l’armée ou de la population soit poursuivi afin que justice soit rendue au défunt et que de tels actes ne puissent plus se reproduire dans le pays ». Pour rappel, les proches de Bapalé avaient décidé d’exhumer le corps qui était couvert de tissus complètement recouverts de sang. Ces libérations de détenus peuvent probablement être interprétées comme un geste de clémence des autorités politiques et judiciaires, au lendemain de la tenue du Dialogue inter-comoriens, initié par le Chef de l’Etat Azali Assoumani, en vue de décrisper le climat socio-politique.
Andjouza Abouheir / LGDC
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