Faute de système efficace de gestion des ordures, les habitants de Moroni improvisent des solutions qui mettent en péril leur environnement. Entre incinération à ciel ouvert, enterrement sauvage et dépôts directs dans la mer, un cycle destructeur s’installe, affectant aussi bien la biodiversité que la santé publique.
Une urgence environnementale
Le littoral de la capitale comorienne est de plus en plus saturé de déchets plastiques et ménagers. Cette situation, décrite par les riverains comme « insoutenable », fragilise l’écosystème marin et accentue les risques sanitaires.
« Si rien n’est fait, nous allons droit vers une catastrophe écologique », alerte un habitant du quartier de la corniche.
Des initiatives locales encore limitées
L’Agence nationale de gestion des déchets (Angd), dirigée par Oussoufa Mze, plaide pour une approche de valorisation des déchets. L’idée est de transformer ce qui est aujourd’hui perçu comme une nuisance en ressources utiles : compost pour l’agriculture, biogaz pour l’énergie, ou recyclage du plastique. Une loi-cadre sur la gestion et la valorisation des déchets est en cours de préparation pour responsabiliser producteurs et consommateurs.
À Ndzuani et Mwali, des campagnes de sensibilisation sont déjà lancées, tandis que Ngazidja se prépare à accueillir des réunions similaires.
La mairie en première ligne
Du côté de la mairie de Moroni, Aboubakar Mohamed, responsable de la voirie, reconnaît l’ampleur du problème. Il insiste sur l’importance d’un ramassage régulier et efficace et envisage la mise en place d’éco-gardes chargés de protéger le littoral et de sensibiliser la population.
L’exemple venu d’ailleurs
Dans plusieurs pays, la valorisation des déchets plastiques a montré ses effets positifs. Au Rwanda, le plastique recyclé est transformé en matériaux de construction. En Inde, il sert à renforcer l’asphalte des routes. Au Kenya, certaines start-up fabriquent des pavés ou des tuiles à partir de plastique fondu. Ces expériences démontrent qu’un déchet peut devenir une ressource, à condition d’une volonté politique et d’une organisation adaptée.
Une responsabilité collective
À Moroni, la question des déchets ne relève pas uniquement des autorités : habitants, commerçants et institutions doivent s’impliquer. La gestion des ordures ne peut plus être vue comme une contrainte mais comme une opportunité de développement durable, capable de créer de l’emploi tout en préservant l’environnement.
ANTUF Chaharane


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