27 novembre 2012
RDC : la rébellion accepte de se retirer de Goma, le gouvernement attend de voir
Le président du M23, Jean-Marie Runiga, le 27 novembre 2012 lors d’une conférence de presse à Goma, en RDC ©AFP
GOMA (RDCongo) (AFP) – (AFP)
Soumise
à une forte pression diplomatique, la rébellion
congolaise du M23 a finalement accepté mardi de quitter
Goma, à l’expiration du délai
fixé pour son retrait de cette ville stratégique
de l’est de la République démocratique du Congo
(RDC) qu’elle occupait depuis une semaine.
« Demain ou après demain (…), au plus tard dans
trois jours, on va quitter Goma », a déclaré
à l’AFP le général Sultani Makenga, chef
d’état-major du Mouvement du 23 mars (M23),
composé d’ex-rebelles qui avaient intégré
l’armée en 2009 avant de se mutiner au printemps
dernier en arguant que les accords du 23 mars 2009 n’avaient
pas été respectés.
« On nous a demandé de nous retirer à 20
kilomètres et nous allons le faire », a assuré
le chef militaire du mouvement.
Il a ensuite annoncé que le M23 commençait à
transférer sa « logistique » – « munitions,
nourriture, médicaments… » – de Goma vers le
territoire de Rutshuru où les positions des rebelles
sont adossées au Rwanda et à l’Ouganda.
Cependant,
le chef de la branche politique du M23, Jean-Marie Runiga, a
déclaré de son côté depuis Goma :
« Nous continuons à exiger des négociations
directes » avec le président Joseph Kabila.
Prudent, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert
Mende, a dit à l’AFP attendre « de voir
l’effectivité du retrait avant d’y croire ». »Une fois qu’ils (les rebelles) se seront retirés,
le président (Kabila) va les écouter, il va
procéder à un réexamen des accords de 2009,
et il va répondre aux griefs qu’il juge légitimes
(…) nous nous y sommes engagés », a-t-il ajouté.
Les chefs d’état-major des armées des pays de la
région des Grands Lacs se réuniront vendredi
à Goma pour s’assurer du respect de ses engagements par
le M23, a annoncé le chef de l’armée ougandaise
Aronda Nyakairima.
A Goma, les habitants étaient partagés mardi,
après l’annonce de ce départ des rebelles.S’ils
« font de bonnes choses, ils peuvent rester », disait
Alphine, 18 ans, rappelant qu’ils avaient « promis
d’amener l’électricité et de faire de bonnes
routes » et assurant même qu’elle se sentait plus en
« sécurité » depuis leur arrivée.Mais
un vendeur contestait vivement sa version et lançait :
« Le M23, c’est des voleurs », alors que les rumeurs
de pillages, de viols et de disparitions de civils restaient
difficiles à prouver, faute de témoins.
Samedi, quatre chefs d’Etat de la région des Grands Lacs
réunis en Ouganda – les présidents Kabila (RDC),
Yoweri Museveni (Ouganda), Mwai Kibaki (Kenya) et Jakaya
Kikwete (Tanzanie) – avaient sommé le M23
d’arrêter la guerre et de quitter avant mardi la
capitale de la riche province minière du Nord-Kivu.En
échange, Kinshasa s’était engagé à
« prendre en compte les revendications
légitimes » des mutins.
L’Union africaine (UA), le chef de l’ONU et l’Union
européenne (UE) avaient pressé les rebelles de se
conformer aux décisions du sommet de Kampala.
Les soldats
du M23, essentiellement des tutsi congolais, avaient à
l’origine diverses revendications.Ils exigeaient notamment
de rester dans leur région du Kivu pour protéger
leurs familles, au lieu d’être envoyés dans des
régiments sur tout le territoire.
Mais leur chef politique a posé mardi de nouvelles
« conditions » au retrait, en réclamant « une
enquête sur la tentative d’assassinat d’une
médecin au Sud-Kivu »- le gynécologue Denis
Mukwege, réputé pour son aide aux femmes
violées -, « la liberté de mouvement pour
l’opposant Etienne Tshisekedi » ou encore « la
dissolution de la Commission électorale ».
La RDC a déjà été le théâtre de
deux guerres régionales (1996-97 et 1998-2003).Le
second conflit a opposé Kinshasa, soutenue par le
Zimbabwe et l’Angola, à différentes
rébellions soutenues par les armées rwandaise,
ougandaise et burundaise.
Cette fois encore, le Rwanda et l’Ouganda sont accusés
par Kinshasa et l’ONU de soutenir le M23, ce qu’ils démentent.
Mardi,
l’émissaire des Etats-Unis pour l’Afrique et ses
homologues français et britannique ont rencontré
à Kinshasa le président Kabila.Selon une
porte-parole de la diplomatie américaine, ils venaient
promouvoir « un processus viable de négociation »
sur « le statut de la région Est » de la RDC.Ces
diplomates devaient ensuite se rendre à Kigali.
L’armée rwandaise a affirmé mardi que des combats
l’avaient opposé le matin même à « plus de
cent » rebelles hutu rwandais des Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR),
venus au Rwanda depuis l’est de la RDC où ils sont
basés.Kigali a assuré que les FDLR tentaient de
« tirer avantage de l’instabilité dans l’est de la RDC ».
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