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RDC : affrontements aux portes de Goma

20 novembre 2012

RDC : affrontements aux portes de Goma

Des habitants courent après des coups de feu entendus à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, le 19 novembre 2012 ©AFP

GOMA (AFP) – (AFP)

Les
affrontements se sont poursuivis lundi entre les rebelles du
M23 et l’armée congolaise aux portes de Goma, dans l’est de la République
démocratique du Congo, tandis que la tension montait
avec le Rwanda voisin qui a accusé la RDC de l’avoir
« délibérément » bombardé, ce que
Kinshasa a aussitôt démenti.

La rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23),
qui a lancé une offensive depuis jeudi et
débordé l’armée congolaise, avait stoppé
son avance dimanche à quelques kilomètres du
centre de Goma, apparemment sans chercher à prendre la ville.

Lundi les mutins ont lancé un ultimatum au gouvernement
congolais, lui demandant d’ici 24 heures de
démilitariser la ville et d’ouvrir des
négociations.Devant le refus de Kinshasa, la
rébellion a repris dans l’après-midi ses tirs d’artillerie.

Selon une
source hospitalière, une vingtaine de blessés
auraient été admis à l’hôpital Heal
Africa, dont l’un est décédé.Aucun autre
bilan n’était disponible.

L’ONU a annoncé l’évacuation pour mardi de ses
employés « non essentiels », les Casques bleus
restant en revanche dans Goma pour assurer leur mission de
protection des civils.

Inquiets de voir des militaires et des responsables
administratifs fuir la ville durant le week-end, les civils
qui en avaient les moyens sont partis vers le sud ou vers la
ville rwandaise de Gisenyi, située à moins d’un
kilomètre à vol d’oiseau de Goma. 

« Il ne se passe rien à Goma, on ne sait rien, mais
comme on a vu tout le monde partir, on s’est dit qu’on
allait faire pareil », a raconté à
l’AFP l’épouse d’un commerçant de Goma. 

Le flot des Congolais fuyant vers Gisenyi est resté
toutefois limité.

Capitale de la région du Nord-Kivu, Goma compte environ 300.000
habitants, plus de nombreux déplacés.La ville a
déjà occupée à deux reprises en 1996 et
1998 par des rebellions.

Le M23 a
été créé début mai par des
militaires, qui après avoir participé à une
précédente rébellion, ont intégré
l’armée en 2009, à la suite d’un accord de paix.Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa
n’avait pas respecté ses engagements.

Ils réclament notamment le maintien de tous les
officiers dans leurs grades et refusent « le
brassage » (affectations dans d’autres unités et
d’autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce
qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’est.

Mais la région composée des provinces des Nord et
Sud-Kivu est aussi le théâtre de conflits
quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d’années
en raison de ses richesses en ressources minières (or,
coltan, cassitérite) et agricoles, que se disputent le
gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les
pays voisins de la RDC, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. 

Kinshasa refuse catégoriquement de négocier avec le
M23 qu’il qualifie de « forces fictives mises en place
par le Rwanda pour dissimuler ses activités criminelles
en RDC », selon le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. 

Lundi après-midi les rebelles ont tiré plusieurs
obus de mortier vers l’aéroport tenu par la garde
républicaine congolaise et le camp militaire de
Katindo, selon une source militaire occidentale. 

 La tension est aussi montée avec le Rwanda, le
puissant voisin, qui a accusé l’armée congolaise
de l’avoir « délibérément »
bombardé avec des chars et des mortiers.Selon le
général rwandais Joseph Nzabamwita, ces tirs ont
fait deux morts. 

L’armée congolaise a réfuté avoir ordonné
de tels tirs, sans exclure la possibilité d’un tir
accidentel, annonçant une enquête.

Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a
vivement réagi à la reprise des combats.

La France devait présenter lundi une résolution au
Conseil de sécurité de l’ONU demandant un
renforcement des sanctions internationales contre les
rebelles congolais.Cette résolution évoquera
l’implication éventuelle d’autres pays dans le conflit,
a annoncé l’ambassadeur de France à l’ONU,
Gérard Araud.

L’ONU, comme la RDC, accuse
le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali a toujours démenti.

Le Conseil de sécurité avait déjà
demandé samedi l’interruption « immédiate »
de tout soutien extérieur et de toute fourniture
d’équipement au M23.Dimanche, le secrétaire
général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait assuré
que les 6.700 Casques bleus basés dans le Nord-Kivu
allaient y rester.

L’Union européenne, l’Union africaine et les Etats-Unis
ont également condamné lundi l’offensive rebelle.

De son côté, l’ONG Oxfam a dénoncé le
racket et le pillage auxquels sont soumis les habitants de
l’est du pays.

« Les civils congolais ne souffrent pas seulement de la
violence généralisée, des viols, des
enlèvements et des meurtres.Ils subissent
également un niveau jamais atteint d’exploitation
financière » de la part « des groupes rebelles et
des milices locales, mais aussi des propres troupes et
responsables de l’Etat congolais » qui « les pillent
et leur imposent des taxes illégales dans leur lutte
pour le pouvoir », accuse Oxfam dans un rapport.



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