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« On est un peuple où la mort d’autrui importe plus que notre propre état de santé »

Comores Infos republie ici un texte très intéressant d’une jeune femme militante répondant au nom de Salix Alba sur le réseau social Facebook. Ce texte qui a tout son sens en ces temps de crise sanitaire mondiale décrit sous toutes les coutures la vie quotidienne et le paradoxe comoriens.

« On a une population qui ignore (en temps normal) son état sanitaire. C’est un peu le cadet de notre souci vu la cherté de la vie, cette culture là n’est pas vraiment la nôtre, la façon d’être accueilli, la crainte de ne trouver un médecin de dispo, la flemme tout court,… tout un tas de raisons.

On va rarement à l’hôpital pour un simple bilan sanitaire, on ne s’y rend que quand on est vraiment malade et qu’on n’en peut plus, ou quand au moins 5 personnes nous l’ont recommandé (généralement) après avoir utilisé du Doliprane!

On vit généralement en famille. On est dans un pays où l’individu n’existe pas (ses avis, ses idées, son opinion… sont également inexistants), il faut des titres, certains statuts, … en gros, on vit en société.

Aujourd’hui on demande au comorien de s’isoler, de se « confiner » alors qu’on sait qu’il ne peut pas, on doit lui enseigner et lui apprendre comment faire. Adapter ce confinement à sa vie réelle.

Je me demande un peu comment on sensibilise les personnes qui ne sont pas sur les réseaux sociaux (la majorité), qui n’ont même pas d’électricité, qui ne savent même pas qu’elles sont malades (maladie ordinaire) ou qui ne savent pas qu’elles sont à risques…

Aujourd’hui on s’acharne sur les réseaux quand on exprime nos peurs. Certains insultent parce qu’on ne respecte pas le confinement, parce que d’autres vont dans les enterrements…

OUI ON EST UN PEUPLE OÙ LA MORT D’AUTRUI IMPORTE PLUS QUE NOTRE PROPRE ÉTAT DE SANTÉ. On fait les choqués sur les réseaux mais on est TOUS comoriens. On connaît le poids du QU’EN DIRA T ON sinon on ne serait pas comoriens.

On est en plein ramadan, tout est horriblement cher, les gens sont même virés du taf, dautres travaillent alors qu’ils sont fragiles, d’autres ne sont pas payés, d’autres hypertendus, d’autres angoissés, d’autres sur les nerfs,… on ne sent AUCUNE mais alors AUCUNE sécurité sur tout ce qu’on voie, ce qu’on lit, … y a Rien.

On risque de partir bêtement sans aucune prise en charge quelconque. On ne sait si c’est à nous de rassurer nos aînés ou l’inverse car on n’a plus rien à se dire entre eux qui espéraient que ce soit nous qui changions les choses et nous qui sommes perdus puisqu’on ignore les sens des priorités.

Dans une situation pareille, qu’est-ce qui est stable ici?! Quel domaine? Quel secteur? Quelle entreprise?

Qu’est-ce qui a de rassurant? Où s’abriter? Comment?!

On joue sur les chiffres, les nombres de morts, on en est à plus d’une vingtaine ok… mais lire après ça qu’un seul soignant s’occupe de 18 patients…

Courage à tous les jeunes parents qui ont choisi de vivre ici, prenez bien soin de vous et de vos petits, courage et force à tous ceux qui nous ont rejoint ici, courage à ceux qui, comme moi, sont rentrés pour mieux connaître leur pays, courage à ceux qui vivent avec des personnes âgées, courage à ceux qui essaient de garder le sourire malgré tout, courage à ceux qui se donnent les moyens d’accomplir leur jeûne en ces temps difficiles, courage à ceux qui arrivent à positiver.

Un mental positif, c’est la clé de toutes les victoires.

Assalam anleykum »

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