
Une vive polémique secoue actuellement le secteur logistique des Comores, à la suite de révélations du média FcbkFM sur une restructuration controversée du système de transport de marchandises au port de Moroni. Selon le journaliste d’investigation, Oubeidllah Mchangama les autorités portuaires, avec l’appui de hauts responsables gouvernementaux, auraient attribué le monopole exclusif du transport douanier à un seul opérateur privé, identifié comme M. Kamal, écartant de fait l’ensemble des transporteurs et camionneurs indépendants jusqu’ici actifs.
Un monopole centré sur le ciment, produit stratégique
Cette mesure ne concerne pas l’ensemble des marchandises, mais s’avère particulièrement centrée sur le transport de ciment, un matériau crucial dans le secteur du bâtiment. Ce ciblage soulève des soupçons d’intérêts croisés, d’autant plus que le journaliste affirme que plusieurs personnalités politiques bénéficieraient de fournitures gratuites de ciment et de ferraille, fournies par ledit opérateur.
Des documents compromettants
Le journaliste affirme être en possession de documents incriminants mettant en cause M. Kamal pour des irrégularités fiscales, des déclarations inexactes, ainsi que des manquements à des obligations légales, notamment en matière d’assurance. Ces éléments, s’ils étaient confirmés, poseraient la question de la légitimité de ce monopole attribué dans des conditions aussi opaques.
Une destruction de l’emploi à grande échelle
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de démantèlement progressif de l’emploi salarié dans des secteurs stratégiques. Après la suspension de plus d’une centaine d’agents à l’aéroport de Moroni, c’est désormais la filière du transport portuaire qui subit une hémorragie sociale. Selon les témoignages recueillis, la mesure prive des dizaines de camionneurs, dockers et petits prestataires de leur unique source de revenus. L’expression populaire « retirer la cuillère de la bouche » résume l’ampleur du choc économique pour ces familles déjà précarisées.
Des tensions et des répressions inquiétantes
La contestation grandissante des transporteurs exclus aurait été réprimée par la force, selon le média. M. Kamal aurait tenté d’intimider les manifestants avec son propre véhicule, et plusieurs d’entre eux auraient été placés en détention dans un camp militaire, sur ordre des autorités.
Cette situation soulève des interrogations majeures sur les critères d’attribution des marchés publics, la transparence dans la gestion des infrastructures stratégiques, et surtout, sur l’engagement réel des autorités à lutter contre le chômage structurel qui touche une grande partie de la population comorienne.
ANTUF Chaharane
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