
Imaginez un orchestre. Un orchestre avec des musiciens talentueux, chacun maîtrisant parfaitement son instrument. Cependant, il manque un élément crucial : le chef d’orchestre. Sans lui, les musiciens ne savent pas quand commencer, quand s’arrêter, quel tempo suivre. Leur talent individuel est inutile sans une vision d’ensemble, sans une direction. C’est exactement ce qui se passe dans notre microcosme politique aux Comores.
Nous avons des militants passionnés, des politiciens expérimentés, mais ils manquent tous de ce chef d’orchestre, de cette vision d’ensemble. Ils sont comme des navires sans boussole, naviguant sans direction précise. Ils s’unissent pour créer des partis politiques, des bureaux, des structures, mais dans ces créations, il manque toujours un projet de société, une vision économique et sociale du pays.
Ils sont comme des coureurs dans une course sans ligne d’arrivée. Ils veulent tous conquérir le pouvoir, mais pour quoi faire ? Pour améliorer la vie des populations, certes, mais comment ? Sans une stratégie, une méthode, une vision, ils courent en rond, sans jamais atteindre leur objectif.
Leur programme politique se limite souvent à critiquer le dirigeant en place, à dire qu’il n’arrive pas à améliorer la vie des citoyens. Mais si on leur demande : « Quel est votre projet ? Quelle est votre vision pour le pays ? », ils répondent par des déclarations d’intention vagues. C’est comme si un enfant de 10 ans disait qu’il voulait devenir astronaute sans avoir la moindre idée de ce que cela implique.
Ils veulent recruter des militants, se faire connaître, mais pourquoi ? Un parti politique cherche à se faire connaître quand il a quelque chose à proposer, quand il a un programme politique. C’est comme si un chef d’orchestre voulait recruter des musiciens sans avoir de partition à leur donner.
Nos politiciens, l’univers de la politique aux Comores, manquent de consistance de programme politique. C’est pourquoi n’importe qui peut faire de la politique aux Comores, car on n’exige rien. C’est comme si demain, vous vouliez devenir électricien sans avoir la moindre idée de comment installer l’électricité dans un bâtiment.
Un politicien doit être capable d’apporter des réponses, comme un chef d’orchestre doit être capable de diriger son orchestre. Comment les Comoriens vont-ils manger ? Comment faire en sorte que l’éducation soit un bienfait pour l’économie, pour le social ? Quelle est votre vision ? Un politicien doit apporter des réponses, c’est un responsable.
Malheureusement, dans notre pays, le politicien le plus crédible est celui qui est capable de réunir beaucoup de monde pour aller dans un meeting, pour soutenir un candidat. C’est comme si le chef d’orchestre le plus crédible était celui qui avait le plus de musiciens, peu importe s’ils jouent tous en désordre.
Comment voulez-vous, avec cette mentalité, avec cette culture politique, espérer que notre pays évolue ? J’ai écrit un livre, j’ai présenté ma vision, j’ai présenté les chemins par lesquels nous devons passer pour changer le pays. Imaginez si un groupe de personnes s’unissait et devenait force de proposition pour créer un programme. Mais cela n’est pas possible, car on veut que dans un parti politique, tout le monde soit focalisé sur une chose : la conquête du pouvoir. Mais il faut avoir un programme pour conquérir le pouvoir, il faut avoir un projet de société pour conquérir le pouvoir.
En conclusion, mesdames et messieurs, nous avons besoin de chefs d’orchestre en politique, de personnes capables de donner une direction, une vision, un projet de société. Sans cela, nous resterons comme un orchestre sans chef, jouant sans harmonie, sans direction.
ANTUF Chaharane
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