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Le mouvement Rilemewa appelle à manifester le 17 octobre : ses leaders arrêtés l’influence de Madagascar commence-t-elle à se faire sentir à Moroni ?

 

Un souffle de contestation commence à se faire sentir aux Comores, où la population vit dans un climat économique et social de plus en plus tendu. Le mouvement Rilemewa, composé de jeunes militants et de membres de la société civile, avait annoncé une manifestation pacifique prévue pour le 17 octobre à la place de l’Indépendance, au cœur de Moroni, la capitale.

Leur objectif : dénoncer la vie chère, la corruption et l’absence de perspectives pour la jeunesse.

Mais cette tentative d’expression citoyenne a été bloquée avant même de commencer. Selon les organisateurs, leur demande d’autorisation déposée à la préfecture a été refusée sans explication claire. Ils avaient également prévu une conférence de presse pour présenter leurs revendications et leur démarche pacifique, mais celle-ci a été interdite à son tour.

Une vidéo avant l’arrestation

Face à ces interdictions successives, les deux porte-parole du mouvement, Ahmed Saïd Hashim et Jack, ont décidé de prendre la parole publiquement.

Dans une vidéo diffusée le 15 octobre sur les réseaux sociaux, ils expliquaient qu’un partisan de leur mouvement venait d’être arrêté, et rappelaient que leur initiative n’avait aucune visée politique violente, mais simplement pour but de donner la parole au peuple comorien sur ses souffrances quotidiennes.

« Le peuple ne peut plus vivre dans ces conditions, nous voulons juste être entendus », affirmaient-ils en substance, dénonçant le silence des autorités face à la misère grandissante.

Peu de temps après la publication de cette vidéo, Ahmed Saïd Hashim et Jack ont été arrêtés, selon plusieurs sources locales concordantes. Leur détention a aussitôt suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont dénoncé la dérive autoritaire du régime et l’étouffement de toute voix critique.

Un climat de répression bien installé

Depuis le retour au pouvoir du président Azali Assoumani, les manifestations citoyennes sont presque systématiquement interdites aux Comores. Les autorités justifient cette politique par la volonté de préserver « l’ordre et la stabilité », mais sur le terrain, de nombreux observateurs y voient une stratégie de contrôle politique visant à empêcher tout mouvement populaire indépendant.

Les dernières grandes mobilisations remontent à janvier 2025, au lendemain des élections. Ces manifestations avaient été violemment réprimées : plusieurs blessés, des arrestations et un climat de peur durable.

Depuis, les voix dissidentes se sont faites plus rares, la société civile opérant dans un espace de plus en plus resserré par la surveillance et les interdictions administratives.

Un contexte régional tendu

Cette nouvelle tentative de mobilisation survient alors que la région connaît une forte instabilité politique.

À Madagascar, un soulèvement populaire appuyé par une partie de l’armée a récemment conduit à la destitution du président Andry Rajoelina. Ces événements ont ravivé les débats sur la légitimité des régimes en place dans la zone, et certains craignent qu’une étincelle semblable puisse un jour embraser les Comores.

Pour beaucoup d’observateurs, Rilemewa représente un éveil citoyen, une tentative de reprendre la parole publique dans un pays où elle est souvent confisquée.

Mais l’arrestation de ses leaders montre que la répression demeure la réponse privilégiée du pouvoir face à toute contestation, même pacifique.

Un signal d’alarme pour la démocratie comorienne

La situation du mouvement Rilemewa relance la question des libertés publiques aux Comores.

L’interdiction des rassemblements pacifiques, l’arrestation de simples militants et la criminalisation des mouvements citoyens témoignent d’une fermeture progressive de l’espace démocratique.

Pour de nombreux jeunes, le courage d’Ahmed Saïd Hashim et de Jack restera un symbole : celui d’une génération qui, malgré la peur, tente encore de faire entendre la voix du peuple.

Reste à savoir si cette flamme pourra survivre dans un climat aussi répressif, ou si, à force de vouloir éteindre la colère, le pouvoir ne finira pas par attiser un feu plus vaste.

Said Hassan Oumouri 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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