Vendredi 12 décembre, à l’hôtel Retaj de Moroni, les autorités comoriennes ont célébré la Journée mondiale des droits de l’Homme dans un décor solennel, sous le thème « Droits humains, nos essentiels de tous les jours ». Autour du président Azali Assoumani, ministres, diplomates, institutions nationales et partenaires internationaux ont multiplié les discours engageants sur la dignité humaine, l’État de droit et les libertés fondamentales. Mais derrière cette mise en scène institutionnelle, une question s’impose avec brutalité : de quels droits humains parle-t-on réellement aux Comores aujourd’hui ?
Car pendant que les autorités vantent des « avancées » et saluent des rapports adoptés à Genève, la réalité du pays est marquée par des morts sans enquête, des arrestations arbitraires et des emprisonnements à caractère politique. Des citoyens meurent en détention ou après des interpellations musclées, sans qu’aucune enquête indépendante n’aboutisse, sans qu’aucun responsable ne soit inquiété. Des opposants, journalistes, militants ou simples citoyens critiques du régime croupissent en prison, parfois sans jugement équitable, dans un climat de peur généralisée.
Les propos du président Azali Assoumani sur la liberté, la justice et l’égalité résonnent douloureusement face à la restriction continue de l’espace civique. La liberté d’expression, pourtant présentée comme un droit fondamental, est régulièrement criminalisée. Les réseaux sociaux, accusés de désinformation et de discours de haine, servent surtout de prétexte à une surveillance accrue et à des poursuites contre les voix dissidentes.
Le ministre de la Justice a évoqué l’amélioration des conditions de détention et la réinsertion des détenus. Pourtant, les prisons comoriennes restent synonymes de surpopulation, de conditions inhumaines et de violations répétées des droits des détenus. Quant à la Commission nationale des droits de l’Homme et des Libertés, qui ambitionne un statut international renforcé, elle est attendue sur un point crucial : sa capacité réelle à dénoncer, sans complaisance, les abus du pouvoir.
IBM


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