Hananou lit le coran, Sitti Farouata Mhoudine le discours de remerciements

Deux interventions inédites lors de la cérémonie de célébration de la naissance du prophète ont retenu l’attention de tous : c’est une femme, Hananou Mhadji qui a procédé à la lecture du Saint-Coran, une autre, la Gouverneure de l’île de Ngazidja Mhoudine Sitti-Farouata, qui a lu le discours de remerciements. Les commentaires vont bon train.

Le jeudi 29 octobre correspond à la date d’anniversaire du prophète Mohammad (paix et salut sur lui). Comme le veut la tradition, les Comores ont célébré la naissance du prophète Muhammad à la Place de l’indépendance. Pourtant, cet événement annuel avait un cachet particulier : cette année, c’est Hananou Mhadji, jeune femme originaire de Mitsudje qui a fait la lecture du Saint-Coran. Mieux encore, le discours de remerciements a été lu par une autre femme : Mhoudine Sitti-Farouata, gouverneure de Ngazidja. Jusqu’ici, seuls les hommes étaient désignés pour ces tâches. Depuis, la polémique ne désenfle pas. Beaucoup semblent penser que ces tâches-là, dans pareil espace, “sont dévolues aux hommes”.

Ali Hadji conseiller privé du mufti de la République, joint au tel par Al-watwan a exprimé sa position. Pour lui, “dès lors qu’une femme occupe une fonction aussi élevée que celle de gouverneure de l’île, il faut nous attendre à la voir participer activement à des événements du même ordre que le Mawlid du 29 octobre”. Pour ce qui est la lecture du Coran par une femme, il y voit “une campagne de sensibilisation dans le but d’inciter d’autres femmes à prendre part à ce genre d’événements”.

L’ancien député de la circonscription Mitsamihuli-Mbude a quand même tenu à souligner que si le choix lui revenait, il aurait choisi un homme, “afin d’éviter toute cette polémique”. Une polémique qui n’en sera plus si les responsables du pays poursuivent cette ambition qui bouscule les codes ainsi que l’ordre établi.
Pour la vice-présidente de l’Assemblée de l’Union, Haïdat Nourdine Sidi, balayant d’un revers de la main toute polémique, “aucune loi n’interdit à une femme de se présenter dans des évènements”.

Elle a rappelé qu’elles étaient quatre à siéger au parlement, “ce qui est une première depuis la proclamation de l’indépendance, en 1975”. “Intellectuellement, nous sommes les égales aux hommes, il y a mieux à faire dans ce pays que de verser dans une polémique stérile”, devait conclure la première femme vice-présidente de l’Assemblée de l’histoire du pays.

Le dernier mot revient au porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidie. “Nous avons tous été à l’école coranique. Devant Dieu, chacun de nous sera jugé selon les actes qu’il aura posés de façon individuelle”, a-t-il dit, samedi dernier. Pour lui, “c’est un non-sujet dans lequel, des gens avancent des idées sans fondements”». Et de conclure : “l’équité et l’égalité font partie des priorités du chef de l’Etat, sans lesquelles nulle émergence ne sera possible”.

Hissane Mhoma / Alwatwan