
Moroni, mai 2025 – Lors d’une interview diffusée sur Fcbk FM, le journaliste Oubeidillah Mchangama a interrogé Fahmi Said Ibrahim, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-candidat à l’élection présidentielle, sur une question centrale pour l’avenir politique des Comores : sera-t-il candidat au poste de secrétaire général du parti Juwa ?
L’entretien, riche et sans détour, a abordé plusieurs sujets : la gouvernance actuelle, qualifiée par Fahmi de « sans réelle consistance », les relations entre la France et les Comores, ainsi qu’un bilan critique à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance. Mais c’est bien la question de la succession à la tête du parti Juwa qui a retenu l’attention.
Un congrès crucial et des enjeux nationaux
Le parti Juwa, fondé par l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi – toujours emprisonné – n’a pas tenu de véritable élection pour sa direction depuis 2017, en raison des circonstances politiques et judiciaires. Or, un congrès est enfin prévu cette année pour restructurer le mouvement et élire un nouveau secrétaire général.
Lorsqu’Oubeidillah lui a demandé s’il comptait se présenter, Fahmi a esquivé une réponse directe, déclarant que « ce n’est pas le sujet pour le moment », et que l’essentiel est de « remettre le parti en ordre » via le congrès.
Une décision stratégique pour 2029
Ce poste n’est pas anodin : le secrétaire général du Juwa est considéré comme un faiseur de roi, dans un parti historiquement le plus populaire du pays. C’est d’ailleurs avec le soutien de Juwa que Ikililou Dhoinine et Azali Assoumani ont pu accéder au pouvoir.
La tournante présidentielle, principe fondamental du système comorien, prévoit qu’après le mandat actuel d’Azali (originaire de la Grande Comore), ce sera au tour de l’île d’Anjouan de diriger le pays. Or, Juwa est particulièrement puissant sur cette île. Autrement dit, celui qui dirigera Juwa décidera en grande partie de l’orientation politique post-Azali.
Un favori qui devra faire face à une opposition interne
Tout porte à croire que Fahmi Said Ibrahim, figure expérimentée et influente, sera candidat. Mais rien n’est simple : il devra affronter une opposition forte au sein du parti, avec des rivalités anciennes et de nouveaux prétendants à l’ambition déclarée.
Affaire à suivre, donc, car l’avenir du parti Juwa pourrait bien déterminer celui des Comores dans les années à venir.
ANTUF Chaharane
Réagissez à cet article