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Dr Sounhadj Attoumane :« Sambi a le droit de s’exprimer sur les préoccupations de la nation »

Dr Sounhadj AttoumaneLa dernière sortie de l’ancien président Sambi a été diversement accueillie par la population. Dans l’opposition comme au sein du pouvoir, beaucoup ont critiqué la déclaration de l’ancien président de la république. Après cette vague de réactions, Dr Sounhadj Attoumane, ancien ministre de la santé de l’époque Sambi.

Question : La dernière sortie de l’ancien président était interprétée par beaucoup d’observateurs comme la déclaration officielle du divorce entre Sambi et le président Ikililou. Vous êtes de cet avis ?

Sounhadj Attoumane : Pas du tout. D’une façon très claire, je ne le crois pas. Je crois que c’est une question d’un ami politique sur un projet politique, sur une vision politique. Je crois que l’ancien président a dit d’une façon très claire qu’il est étranger dans les affaires. Cela veut dire qu’on ne lui demande pas son avis. La question serait, est-ce qu’il a ce droit-là d’être informé. Je pense que sans exagérer, il est méritant quelque part. Puis, je ne sais pas ce que ça coûterait. C’est un homme qui a de l’expérience, qui représente beaucoup sur notre pays. Si à mon avis, on a besoin d’un conseiller, Sambi fait partie des meilleurs conseillers dans l’échiquier politique national.

Question : Est-ce que l’absence de Sambi a des conséquences sur la gestion du pays ?

S.A : Ecoutez, je pense que nous sommes un pays pauvre. Chaque enfant de ce pays mérite de mettre sa pierre à l’édifice. Je crois qu’il faut sortir de la minimisation, regarder plus haut et mettre la compétition en ligne, mais il ne faut pas regarder le pays sur des futilités.

Question : Les partisans d’Iki estiment qu’il n’a pas de compte à rendre à Sambi. Vous en dites quoi ?

S.A : Certainement. Il est le président de la république et il est élu. Mais est-ce que c’est ça que nous devons implanter dans notre pays, cette façon un peu désinvolte de faire les choses. Non je ne crois pas. Je crois que quand les gens se sont accompagnés et se sont soutenus, ils se doivent quelque chose les uns aux autres. Ca me semble tout à fait naturel.

Question : Les partisans d’Iki estiment que Sambi a violé le devoir de réserve

S.A : J’ai l’impression que dans ce pays il y a des gens qu’on pointe du doigt et d’autres non. Ce sujet-là qui concerne le pétrole, beaucoup en ont parlé et ça n’a pas fait de tollé ou de réaction. Et puis je crois que quand on est un citoyen de ce pays, et encore plus un ancien président, on a le droit de s’exprimer sur les sujets de préoccupation de la nation. Si le président Sambi dit qu’il y a une perspective de pétrole, nous devons nous y préparer.

Question : L’opposition pense que c’est un perturbateur notamment sur la question de la révision de la constitution. Que répondiez-vous ?

S.A : D’abord il n’a pas parlé d’une révision de la constitution. Il a dit qu’on a fait un tour complet même s’il n’est pas complet parce que Mayotte n’a pas encore participé à la tournante. Je crois même que dans les accords de Fomboni (février 2001) ça été stipulé qu’après un tour complet il faudra faire un bilan de la tournante. C’est normal. Moi personnellement, j’ai toujours accusé la tournante. Je trouve que c’est un mécanisme réducteur. Il a été destiné à régler ce qui n’a pas été réglé. Pour que le pays devienne stable, il a fallu intervenir et chasser les séparatistes d’Anjouan ; et puis il ne faut pas oublier que ce mécanisme de tournante, c’est parce que les séparatistes d’Anjouan l’ont imposé et qu’ils ont eu gain de cause. Je ne suis pas sûr qu’on prend un model issu d’un conflit, d’un mécanisme indigne d’un pays comme référence. Je crois qu’il faut regarder plus haut. Etre un président de ce pays, chacun doit s’inscrire. Et puis la tournante était destinée à bannir le séparatisme ou bien faire rentrer Anjouan dans le giron de la nation. Aujourd’hui, j’ai bien peur que la tournante va accentuer le séparatisme. Nous avons changé la tournante en pouvoir d’île. Chaque île dit que son tour et là il y a toutes les exactions. J’ai bien peur que le prochain tour ça saigne dans ce pays.

Question : La dernière fois que le président Sambi a voulu voyager vers Anjouan, il a été semble-t-il « maltraité » à l’aéroport. Est-ce que ce n’est pas une conséquence de sa sortie ?

S.A : Si c’était une conséquence, ça serait léger à mon avis. Je crois que les responsables de l’aéroport ont du boulot à faire. Mettre Sambi à la mesure de tout le monde, non ça n’a aucun sens. Personnellement, rien ne diminuerait Sambi de passer sur les portiques comme tout le monde. Mais c’est l’ancien président de notre pays. Est-ce que c’est une façon d’éduquer nos enfants. Je crois que les autorités de l’aéroport ont d’autres chats à fouetter que d’essayer de faire des choses qui ne correspondent pas à notre vision de l’honneur et du respect. Aujourd’hui c’est Sambi et demain ça serait qui ?

Question : Vous avez sorti un communiqué par la suite et vous demandez des sanctions. Qui visez-vous ?

S.A : Je crois qu’à l’aéroport il y a eu des responsables qui ont exécuté cet ordre. Les gendarmes ont empêché son véhicule de rentrer dans l’aéroport et pourtant c’était prévu par un arrêté. Ces gendarmes ont dit qu’ils ont reçu un ordre. Si notre gouvernement estime que ce n’est pas normal, nous ne devons pas continuer dans l’impunité. Il faut qu’il y ait des sanctions. Je continue à dire qu’il faut se respecter.

Question : Dans le dernier remaniement du gouvernement d’Anissi, vous êtes écarté. Que s’est-il passé ?

S.A : Lorsqu’Anissi m’a demandé d’apporter mon aide dans l’organisation de son gouvernorat et essayer de lui donner un peu de leadership parce qu’il était poussé à bout par les uns et les autres, j’estime que j’ai fait mon boulot. A un moment on s’est mis d’accord d’arrêter. On ne peut pas être d’accord sur tout. S’il y a eu du désaccord, je crois que les gens doivent se quitter. J’ai une vision de l’Etat qui n’est pas toujours acceptée. Il faut de la rigueur. Et dans notre pays, on a tendance à indexer celui qui la défend. On me taxe de tout. Je ne suis pas sûr qu’on puisse avancer en laissant des gens avec des responsabilités qu’ils ne méritent pas. J’étais à Anjouan pendant 8 mois et j’ai fait mon boulot. Beaucoup m’accusent de séparatisme, non je crois que j’ai beaucoup travaillé pour unir ce pays.

Propos recueillis par Mohamed Youssouf, Interview HZK

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