
La tribune Facebook de Nourdine Mbae, publiée récemment, a fait grand bruit dans la communauté comorienne. Dans cette publication, l’homme — qui se présente comme un intellectuel, voire un enseignant — s’indigne de l’inaction supposée de la Cour suprême des Comores face à une demande de destitution du président Assoumani Azali, accusé de haute trahison. Il ose même tracer un parallèle avec la situation du président malgache menacé pour avoir « volontairement » acquis une nationalité étrangère, en l’occurrence française.
Mais ce que Nourdine Mbae semble oublier, c’est que cette indignation sélective et cette posture morale sont en totale contradiction avec ses propres actes passés.
Un enseignant contractuel en France , acteur d’une action illégale ?
Nourdine Mbae, qui n’hésite pas à dénoncer les Comoriens ayant acquis la nationalité française, oublie de préciser qu’il vit lui-même en France, qu’il y travaille comme enseignant dans un établissement de l’Éducation nationale, et surtout… qu’il a activement participé à l’occupation illégale de l’ambassade des Comores à Paris.
Le 28 mars 2019, un groupe d’individus vêtus de gilets jaunes, parmi lesquels figurait Nourdine Mbae, ont pris d’assaut la représentation diplomatique comorienne située au 20 rue Marbeau à Paris. Cette occupation violente, revendiquée comme une « action citoyenne », s’était déroulée sous les yeux de la police française qui, sans intervenir, s’était contentée de sécuriser le périmètre. Les forces de l’ordre n’ont procédé à aucune évacuation immédiate.
L’ambassade des Comores avait porté plainte dès le 1er avril 2019 contre les responsables de cette intrusion. Nourdine Mbae en faisait partie. Peut-on vraiment se présenter en défenseur de la légalité et de la justice aux Comores lorsqu’on viole soi-même les lois diplomatiques en France ?
Hypocrisie et double discours
Il est pour le moins cocasse que celui qui prétend défendre la souveraineté nationale contre l’« infiltration » des binationaux français soit lui-même intégré dans un système qu’il critique. Que penser d’un enseignant rémunéré par la République française qui dénigre publiquement ses concitoyens naturalisés, comme si cette double nationalité était un crime ?
La stigmatisation des Comoriens naturalisés français devient une rhétorique inquiétante quand elle émane d’un citoyen qui, lui-même, bénéficie de toutes les protections et avantages de la République. Loin de toute objectivité, cette posture jette une ombre sur la capacité de Mbae à enseigner l’esprit critique à ses élèves : comment transmettre des valeurs républicaines quand on publie des appels ambigus à la destitution, qu’on soutient des actions illégales et qu’on participe à la division au sein de la diaspora ?
IBM
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