
Depuis le retour d’Azali Assoumani au pouvoir en 2016, les Comores ont été marquées par plusieurs tragédies, directement ou indirectement associées à son régime. La répression des mouvements de contestation et les interventions des forces de sécurité ont souvent été pointées du doigt. Si certaines de ces morts sont liées à des raisons politiques, d’autres sont dues à des actes commis par l’armée dans des contextes différents. Revenons sur ces événements marquants dans une chronologie sombre.
1. Hamada « Gazon » (2018)
Le 9 décembre 2018, Hamada, surnommé Gazon, capitaine de l’équipe de basket Djabal, a été tué par balle lors d’une intervention des forces de l’ordre à Iconi Djabal. Connu pour sa piété et sa générosité, sa mort a suscité une vague de tristesse et d’indignation dans la communauté. Ce drame est l’un des premiers incidents marquant les violences sous ce régime.
2. Faissoil Abdou Salam (2019)
En 2019, Faissoil Abdou Salam, un militaire évadé et impliqué dans une tentative de coup d’État, a été abattu lors d’un affrontement avec les forces de l’ordre. Cet événement a mis en lumière la gestion brutale des crises politiques par le régime.
3. Major Abdourazak Nacerdine (2019)
Le major Abdourazak Nacerdine, originaire de Mitsamiouli, a été tué dans une attaque contre un camp militaire pendant la tentative de coup d’État de 2019. Sa mort reflète l’intensité des confrontations entre les forces loyalistes et les insurgés.
4. Major Hakim, dit « Bapale » (2021)
Arrêté le 6 avril 2021 pour une supposée tentative de déstabilisation, le major Hakim, ancien garde du corps de l’ex-président Sambi, est décédé le lendemain lors d’un interrogatoire au camp militaire de Sangani. Son corps, retrouvé ensanglanté et discrètement enterré par des militaires, a soulevé des accusations d’assassinat et de torture, provoquant une vive indignation.
5. Fahad Moindze (2023)
Le 21 novembre 2023, Fahad Moindze, un jeune supporter de 21 ans, a été mortellement touché par le tir d’un militaire lors d’une bousculade au stade Malouzini, avant un match opposant les Comores au Ghana. Bien que cet incident ne soit pas directement lié à des raisons politiques, il met en lumière la violence excessive des forces armées dans des contextes civils. Sa mort a profondément choqué la population et les supporters.
6. Ayman Nourdine (2023)
Arrêté par la gendarmerie comorienne, Ayman Nourdine est décédé le 27 février 2023. Son corps, remis à sa famille dans des sacs-poubelle, a suscité l’indignation générale. Bien que sa mort ne soit pas liée à un conflit politique, l’implication des forces armées dans son décès pose une nouvelle fois la question des abus de pouvoir au sein des institutions sécuritaires.
7. Islam (2024)
Lors des émeutes post-électorales de janvier 2024, un jeune homme de 21 ans, connu sous le nom d’Islam, a été tué par balle. Cet incident illustre la répression violente des mouvements de contestation sous le régime Azali.
8. Ahmed Abdou, dit « Fanou » (2024)
Le 13 septembre 2024, Ahmed Abdou, surnommé Fanou, a tenté d’agresser le président Azali Assoumani avec une arme blanche. Arrêté, il est décédé en détention dans des circonstances controversées. Les autorités ont affirmé une mort « naturelle », mais de nombreuses voix accusent une exécution, appelant à une enquête indépendante.
Des drames qui interrogent
Ces décès reflètent les tensions récurrentes entre la population et les forces de sécurité sous le régime Azali. Si certaines morts, comme celles d’Islam ou de Fanou, sont directement liées à des enjeux politiques, d’autres, comme celles de Fahad Moindze et d’Ayman Nourdine, résultent de l’intervention excessive de l’armée dans des contextes non politiques.
Ces tragédies posent une question centrale : comment réformer les forces de sécurité pour éviter de nouvelles pertes humaines injustifiées ? À chaque mort, l’appel à la justice et à la transparence reste sans réponse, laissant une empreinte durable sur le bilan de ce régime.
Saïd Hassan Oumouri
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