Dans le petit village de Siry-Zourdani, au cœur de la région de Djando, un couple d’agriculteurs s’est lancé depuis quelques années dans une aventure audacieuse : la culture du curcuma. Pour ces cultivateurs passionnés, cette épice aux reflets dorés représente bien plus qu’une simple plante aromatique c’est leur moyen de subsistance et un symbole d’espoir face aux défis du monde rural comorien.
Cette année, leur récolte est prometteuse : plus d’une dizaine de tonnes de curcuma prêtes à être écoulées. Mais une fois la terre travaillée et les racines extraites, un autre combat commence : le transport et la vente. Dans un pays où les infrastructures sont limitées et où les marchés restent concentrés, notamment à Volo Volo, la logistique devient un véritable défi.
« Nous avons la quantité, mais faire arriver nos sacs jusqu’à Moroni coûte cher, et les acheteurs proposent souvent des prix très bas », confie l’agriculteur, déterminé à ne pas abandonner.
Sur les étals de Volo Volo, le curcuma local se vend environ 300 francs comoriens le kilo. Une somme modeste, surtout face à la concurrence des produits importés de Tanzanie ou de Madagascar, souvent déjà transformés en poudre et mieux conditionnés. Cette compétition inégale met en lumière les faiblesses de la filière locale, encore peu structurée et sans véritable stratégie de valorisation.
Pourtant, le potentiel est immense. Le curcuma appelé parfois “l’or de la santé” est l’une des épices les plus prisées dans la médecine traditionnelle indienne pour ses vertus anti-inflammatoires, antioxydantes et digestives. Dans un contexte mondial où le naturel revient en force, le curcuma comorien pourrait trouver sa place sur le marché international, à condition d’être mieux soutenu.
« Nous croyons que notre terre peut produire un curcuma aussi bon, voire meilleur, que celui de Tanzanie », affirme l’agricultrice, le regard tourné vers ses champs.
Le ministère de l’Agriculture a donc un rôle clé à jouer : accompagner ces producteurs, encourager la transformation locale (séchage, broyage, conditionnement), et faciliter l’accès aux circuits commerciaux nationaux et régionaux. Une telle stratégie permettrait non seulement de valoriser la production locale, mais aussi de créer de l’emploi et de réduire les importations.
Car derrière chaque racine dorée, c’est toute une promesse de développement rural qui pousse dans les sols de Djando.Et pour ce couple de Siry-Zourdani, cette promesse vaut bien tous les efforts : continuer à faire briller l’or des Comores.
Said Hassan Oumouri


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