
Mayotte est toujours en proie aux conséquences dévastatrices du cyclone. Une infirmière du CHM témoigne aujourd’hui pour dénoncer la désinformation ambiante et le manque d’aide concrète sur le terrain. Malgré la gravité de la situation, les informations relayées par les médias, qu’ils soient locaux ou nationaux, sont loin de refléter la réalité.
Alors que les médias font état de 20 à 30 décès, l’infirmière souligne que ce chiffre ne concerne que les morts enregistrés à l’hôpital. Les bidonvilles, où vivent plus de 200 000 personnes, ont été ravagés. Pourtant, aucune équipe de sauveteurs officiels n’a été dépêchée sur place. Seuls les habitants et des associations tentent de venir en aide aux victimes. Les personnes non décédées sur le coup se retrouvent donc dans une situation critique.
L’infirmière s’insurge contre les fausses informations concernant la distribution alimentaire. Selon elle, cette distribution a débuté en « Petite Terre », là où vivent majoritairement les blancs. Il faudra certainement quelques jours pour qu’elle commence à Mamoudzou, la capitale, mais sans aucune garantie. De plus, les magasins sont quasi inexistants, faute d’eau, d’électricité et de réseau. La distribution d’eau, tant attendue, devrait débuter, mais sans indication précise d’horaires ou de dates.
Dans les centres d’hébergement, les populations ne reçoivent ni nourriture, ni eau. Des familles entières sont privées de ces ressources vitales depuis plus de trois jours. La situation est d’autant plus alarmante pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Nombreuses sont les personnes qui se retrouvent à boire l’eau des rivières, pourtant contaminées par des bactéries et possiblement des corps en décomposition.
Bien que les urgences et certains services du CHM soient fonctionnels, l’accès à l’hôpital est rendu difficile par le manque de carburant. Les soignants, pourtant nécessaires, n’arrivent pas à se déplacer, faute de priorité dans l’accès à l’essence. Pire, les promesses du gouvernement sur la mise en place de lignes prioritaires pour les soignants restent lettre morte.
Face à l’urgence, l’infirmière lance un appel désespéré aux compagnies Total, Energie et Mayotte pour qu’elles mettent en place des lignes prioritaires pour les soignants. Même sans véhicule CHM, le personnel soignant a besoin de pouvoir se ravitailler en essence pour se rendre sur le terrain et venir en aide à la population.
Ce témoignage poignant met en lumière l’urgence de la situation et le manque de soutien concret apporté aux habitants de Mayotte après le passage du cyclone. Il est impératif que les autorités prennent la mesure de la situation et mettent en œuvre des solutions efficaces pour soulager la population et faciliter le travail des équipes de secours et soignantes.
SAID Hassan Oumouri
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