Ce qui ressemblait à une success story numérique s’est transformé en une vaste affaire d’escroquerie aux ramifications inquiétantes. Aux Comores, la justice enquête sur un réseau présumé qui aurait siphonné plus de 50 millions de francs comoriens en vendant, via TikTok, des rêves de voitures de luxe et de meubles importés de Dubaï… jamais livrés.
Tout part d’un compte TikTok au nom accrocheur : « Oubeid Ankiba Auto et Meuble ». Des vidéos léchées, des bolides flambant neufs, des hangars présentés comme pleins à craquer, des containers prêts à embarquer. Le décor est planté. En face, des clients séduits, pour la plupart issus de la diaspora, convaincus d’avoir affaire à une agence « différente », sérieuse, plus rapide et surtout moins chère que les autres. L’illusion fonctionne. À ce jour, dix victimes se sont officiellement manifestées, mais le parquet de Moroni redoute un bilan bien plus lourd.
Le scénario est toujours le même. Après des échanges privés, le présumé chef du réseau propose des prix défiant toute concurrence, frais de dédouanement inclus, et exige un paiement anticipé, parfois intégral. L’argent est ensuite récupéré aux Comores par des intermédiaires locaux, certains allant jusqu’à signer des décharges ou offrir de prétendues garanties. Cinq personnes ont été inculpées, dont deux incarcérées à la prison de Moroni, les autres placées sous contrôle judiciaire.
Particularité troublante, le cerveau présumé de l’opération ne révélait jamais sa véritable identité. Hassane pour les uns, Oubeid ou Soilahou pour les autres, il brouillait volontairement les pistes. Selon l’enquête, certains intermédiaires auraient encaissé des sommes allant jusqu’à 6 millions de francs. Un humoriste connu a même été brièvement détenu avant d’être relâché, affirmant avoir été approché uniquement pour faire de la publicité.
Plus grave encore, le principal suspect serait un récidiviste, déjà condamné à Ndzuani pour une escroquerie de 40 millions de francs. En 2025, le piège s’est refermé à nouveau. Cette fois, à l’échelle des réseaux sociaux. L’enquête se poursuit, mais une question brûle déjà les lèvres. Combien de victimes restent encore dans l’ombre ?
IBM


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