
Le ministre des Finances comorien, Abdourazak, a récemment pris une décision saluée par de nombreux observateurs en renonçant à percevoir une rémunération complémentaire de 18 millions de francs comoriens par mois, soit 216 millions de francs par an, dans le cadre de la Redevance Administrative Unique (R.A.U). Ce geste, bien que largement applaudi, remet en lumière la controverse autour de l’utilisation de ces fonds et leur impact sur les finances publiques.
Un héritage financier colossal
Avant Abdourazak, son prédécesseur, Saïd Ali Chayhane, a occupé ce poste pendant six ans, durant lesquels il a touché plus de 1,296 milliard de francs comoriens uniquement grâce à cette rémunération complémentaire prévue par la R.A.U, sans compter son salaire de base en tant que ministre. Ce chiffre astronomique soulève des questions sur la justification et l’efficacité de cette allocation dans un pays où les besoins financiers dans les secteurs prioritaires sont urgents.
Des compléments de salaire significatifs
Outre le ministre des Finances, d’autres hauts responsables bénéficient également de compléments de salaire importants grâce à la R.A.U. Selon les informations rapportées par le journaliste Oubeidlllah Mchangama :
Le ministre des Finances perçoit 18 millions de francs comoriens par mois, soit 216 millions de francs par an.
Le directeur général des impôts touche quant à lui 8 millions de francs comoriens par mois, soit 96 millions par an, un montant qui, bien que moindre, reste conséquent.
Ces allocations, initialement destinées à réduire la corruption en augmentant les revenus des décideurs publics, suscitent aujourd’hui des critiques croissantes.
Une décision sous influence ?
Le refus d’Abdourazak de percevoir cette rémunération complémentaire a été salué comme un acte d’intégrité et de responsabilité. Cependant, certaines sources suggèrent que cette décision aurait été prise sous la pression d’organisations internationales, notamment l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui aurait insisté sur une meilleure gestion des finances publiques. Ce contexte jette une ombre sur la portée réelle de ce geste.
Quelle meilleure utilisation pour ces fonds ?
Les 216 millions de francs par an, précédemment alloués au complément de salaire du ministre des Finances, pourraient avoir un impact bien plus significatif s’ils étaient réinvestis dans des secteurs stratégiques. Par exemple :
Construire des écoles et améliorer les infrastructures éducatives dans les zones rurales.
Développer les infrastructures routières, essentielles au développement économique.
Subventionner le pouvoir d’achat, en réduisant le coût de l’essence ou du pétrole domestique pour les ménages comoriens.
Soutenir le secteur professionnel, en finançant des formations et des initiatives entrepreneuriales.
Ces propositions illustrent à quel point une redistribution de ces fonds pourrait transformer la vie quotidienne des citoyens.
Une réforme nécessaire de la R.A.U
La R.A.U, créée pour financer les services publics et prévenir la corruption, montre aujourd’hui des limites évidentes. Si elle a permis à certains responsables de bénéficier de compléments financiers considérables, elle a aussi exacerbé les inégalités et alimenté un sentiment d’injustice au sein de la population.
Le cas de Saïd Ali Chayhane, qui a perçu plus de 1,296 milliard de francs comoriens en six ans, témoigne de l’ampleur des ressources en jeu. Une réforme en profondeur est indispensable pour garantir que ces fonds soient utilisés de manière transparente et qu’ils profitent directement à la population.
La décision d’Abdourazak de renoncer à son complément de salaire est un geste symbolique fort, mais elle met en lumière un problème systémique. Une meilleure gestion de la R.A.U pourrait transformer ces fonds, aujourd’hui sources de controverse, en outils de développement durable. En investissant dans des projets d’infrastructure, d’éducation et de soutien au pouvoir d’achat, l’État pourrait répondre aux besoins urgents des Comoriens et restaurer la confiance dans la gestion des finances publiques.
ANTUF Chaharane
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