
Mohamed Daoudou, surnommé « Kiki », ancien ministre de l’Intérieur sous le régime du président Azali Assoumani, a vu sa candidature aux élections législatives de 2025 rejetée par la Cour suprême. Cette décision marque un tournant spectaculaire pour cet homme, autrefois figure centrale du pouvoir, désormais marginalisé par le régime qu’il a servi avec fermeté.
Une candidature rejetée par le système qu’il a renforcé
La Cour suprême, dans sa décision finale, a écarté Mohamed Daoudou de la course électorale pour la circonscription de Domoni 2 sur l’île d’Anjouan. Elle a invoqué deux motifs principaux : son absence sur les listes électorales de la circonscription concernée et son manque de résidence dans la région. Cette décision fait suite à une plainte déposée par un candidat concurrent, Dayan Radwan, et a mis un terme aux ambitions politiques de celui qui avait été un des piliers du régime.
Un passé marqué par l’autoritarisme
Entre 2016 et 2021, Mohamed Daoudou a occupé le poste stratégique de ministre de l’Intérieur, où il a exercé une influence considérable. Il s’est distingué par une gestion autoritaire, marquée par des atteintes aux libertés publiques. En 2018, lors du référendum constitutionnel controversé, les manifestations de l’opposition ont été violemment réprimées sous sa direction, entraînant des arrestations massives. En 2019, à l’approche des élections présidentielles, plusieurs figures de l’opposition ont dénoncé un climat de harcèlement et d’intimidation orchestré par son ministère.
Tensions avec la presse
La presse n’a pas échappé à son autorité. Des journalistes critiques à l’égard du gouvernement ont été arrêtés ou intimidés, et plusieurs médias indépendants ont été suspendus. Un incident marquant reste l’agression physique présumée du journaliste Oubeidllah Mchangama en 2017, un acte qui avait suscité l’indignation des défenseurs de la liberté de la presse.
De puissant ministre à opposant marginalisé
Ironiquement, Mohamed Daoudou est aujourd’hui victime des mêmes mécanismes qu’il avait lui-même utilisés pour écarter ses adversaires. Ce rejet de sa candidature témoigne de la volonté du régime d’Azali Assoumani de se détacher de ses anciens alliés devenus potentiellement gênants.
Une page qui se tourne
Pour celui qui incarnait l’autorité au sommet de l’État, ce rejet est un signal clair de son exclusion du cercle du pouvoir. Mohamed Daoudou, jadis symbole de la répression et du contrôle, devra désormais envisager son avenir politique en dehors du régime qu’il a contribué à bâtir. Cette situation reflète également les tensions internes et les repositionnements stratégiques au sein du paysage politique comorien à l’approche des élections de 2025.
ANTUF Chaharane
Réagissez à cet article