
Dans le cadre des récentes élections présidentielles aux Comores, un événement singulier a capturé l’attention du public : une photographie virale d’un groupe de femmes dissimulant leurs visages lors d’un rassemblement politique. Cette image est devenue un symbole puissant de la dynamique sociale complexe dans une société sous pression.
L’anthropologie sociale nous offre une lentille pour examiner cet incident. Les femmes dans l’image, cherchant à éviter la reconnaissance tout en participant à un meeting du président-candidat, incarne la dualité des citoyens pris dans un tissu politique et social délicat. Leurs présence au meeting suggère une forme de conformité, possiblement motivée par la crainte de perdre leurs emplois. Cette situation révèle la stratégie subtile mais coercitive utilisée par le pouvoir pour assurer la loyauté et le soutien, notamment dans un contexte où le secteur public domine l’emploi.
Farouk Jamily, un cinéaste comorien renommé, souligne ce dilemme dans un débat sur les réseaux sociaux. Il met en lumière la réalité des fonctionnaires et autres employés, qui ne se « prostituent » pas intellectuellement, mais cherchent simplement à subvenir aux besoins de leur famille. Cette hypothèse met en évidence une forme de résilience pragmatique face à un système oppressif.
L’analyse se prolonge avec le témoignage d’autres citoyens. Certains soulignent que même les entrepreneurs, bien que disposant de plus de ressources, sont soumis à une forme différente de pression pour afficher publiquement leur allégeance politique. Cela suggère une dynamique de pouvoir où le secteur privé est également entravé, limitant ainsi l’indépendance économique et politique.
D’autres internautes décrivent comment les institutions publiques se vident aux heures de meetings politiques, soulignant une coercition institutionnalisée pour assister au meeting du président candidat Azali Assoumani. Des histoires de harcèlement et d’espionnage au sein des services publics émergent, illustrant un climat de peur et de contrôle.
Cette situation aux Comores reflète un conflit plus large entre l’autonomie individuelle et les exigences d’un système politique et social. Elle souligne la complexité des choix et des actions des individus dans un contexte de contraintes et de pressions externes. Ce cas est un exemple frappant de la manière dont les structures de pouvoir influencent profondément la psychologie sociale et les comportements individuels.
ANTUF Chaharane
Réagissez à cet article