Alors que le gouvernement d’Azali Assoumani affiche sa volonté de « transformer durablement » le secteur énergétique, la colère gronde jusque dans l’hémicycle. Le contraste est saisissant entre les discours optimistes du Forum national sur l’énergie et la frustration exprimée par le député Ibrahim Mzimba face aux promesses non tenues d’un secteur toujours plongé dans le noir.
Clôturé le mercredi 22 octobre au Retaj, sous le haut patronage du président Azali Assoumani, le Forum national sur la transition énergétique avait pour ambition d’ouvrir une nouvelle ère pour la Sonelec. Deux jours de débats, d’ateliers et de promesses, sous le thème « Mwangaza wutsangaya harimwé massiwa » — « La lumière a jailli dans l’archipel ». Le programme semblait ambitieux : modernisation du réseau électrique, transition vers les énergies propres, meilleure gestion interne, formation des agents et déploiement de compteurs à prépaiement.
Le président Azali, visiblement confiant, a salué « une dynamique nouvelle » en évoquant une réduction du délestage et une amélioration du service. Le ministre de l’Énergie, Aboubacar Saïd Anli, a lui aussi vanté « une étape décisive vers un système énergétique moderne, inclusif et durable ». Quant au représentant de la Banque mondiale, Koffi Komenan, il a annoncé une aide de 20 milliards de francs comoriens pour renforcer la ligne solaire reliant la centrale de Vwadjuu.
Mais le lendemain, la réalité politique a rattrapé le discours officiel. À l’Assemblée nationale, le député Ibrahim Mzimba a pris la parole pour dénoncer les fausses comparaisons et le manque de résultats concrets. Lorsque le ministre des Finances a justifié les délestages en expliquant que « d’autres pays connaissent aussi des coupures », Mzimba a répliqué fermement : « Yizo ka zamboi ! C’est inacceptable ! Ce n’est pas parce que d’autres vivent dans le noir que nous devons accepter la médiocrité. »
Pour le député, le peuple comorien mérite mieux que des comparaisons défaitistes : « Nous devons viser le progrès, pas la résignation. Les Comoriens ont besoin d’électricité, d’eau, d’espoir. » Il a exhorté le gouvernement à s’inspirer des réussites régionales, comme l’île Maurice, où la continuité du service électrique est une réalité quotidienne.
Entre les promesses solennelles des forums et la persistance des coupures, les Comores restent suspendues entre la lumière rêvée et l’obscurité vécue. Le peuple, lui, ne veut plus de discours symboliques : il attend que « Mwangaza » — la lumière tant promise — éclaire enfin son quotidien.
IBM


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