
Depuis 2023, la Russie a redéfini sa stratégie d’influence en Afrique en misant sur les outils culturels et numériques pour séduire les jeunesses africaines. Au cœur de ce dispositif : African Initiative, une structure hybride se présentant comme une agence de presse basée à Moscou, tout en opérant localement via des associations actives notamment au Burkina Faso.
Sous couvert d’information « indépendante », African Initiative diffuse une propagande pro-russe à travers une panoplie de contenus multimédias : podcasts, documentaires, jeux vidéo, réseaux sociaux… Sur TikTok, des vidéos virales en français, anglais ou arabe relayent des messages critiquant l’Occident, glorifiant la Russie et promouvant une « libération » de l’Afrique vis-à-vis du néocolonialisme. La même stratégie s’applique à Instagram où des contenus esthétiques et émotionnels ciblent les jeunes urbains en quête de repères et d’identité.
Côté divertissement, African Initiative a même investi le monde du gaming avec un mod du jeu Hearts of Iron IV. Ce dernier permet aux joueurs de choisir des pays africains alliés à la Russie pour « construire une confédération sahélienne libre ou résister à l’influence occidentale ». Un outil à la fois ludique et idéologique.
Le cinéma n’est pas en reste. Le documentaire « Black to USSR », tourné au Mozambique et en Afrique du Sud, valorise les anciens liens éducatifs entre l’URSS et l’Afrique. Un autre film co-produit avec la Maison russe de Serbie, « La fin du néocolonialisme en Centrafrique », met en scène la contribution supposée de Moscou à la sécurité et au développement local.
Au-delà des écrans, l’organisation soutient des événements sportifs, artistiques et culturels dans plusieurs villes africaines, tout en formant localement des influenceurs, journalistes et activistes.
Si la portée de ces actions reste encore modeste en termes d’audience, leur objectif est clair : installer une influence durable, par des moyens « doux », émotionnels et immersifs, à rebours des méthodes militaires ou diplomatiques classiques. Une guerre de l’image, où TikTok, les jeux vidéo et les documentaires deviennent les nouvelles armes de la géopolitique.
Said Hassan Oumouri
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