Dans un pays où la moitié de la population a moins de 20 ans, voir un homme de 83 ans se diriger vers un quatrième mandat présidentiel n’est pas seulement une anomalie politique, c’est une tragédie générationnelle. La Côte d’Ivoire, jadis modèle de renouveau économique, semble désormais prisonnière d’un cycle sans fin où la jeunesse regarde, impuissante, les mêmes visages s’accrocher au pouvoir.
Les premiers résultats de la présidentielle publiés dimanche par la Commission électorale confirment sans surprise la victoire écrasante d’Alassane Ouattara, avec des scores dépassant 90 % dans plusieurs régions du nord. Dans certaines zones, la participation frôle les 100 %, un chiffre qui interroge autant qu’il inquiète. Pendant ce temps, à Abidjan, à Cocody notamment, moins d’un électeur sur cinq s’est déplacé.
Ce désintérêt massif n’est pas un hasard : la compétition électorale a été vidée de son sens. Les principaux rivaux de M. Ouattara, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, ont été écartés du scrutin, respectivement pour condamnation pénale et pour des questions de nationalité. Résultat : une élection verrouillée, un suspense inexistant, et une jeunesse désabusée.
Comment prétendre incarner la modernité quand on incarne la fatigue du pouvoir ? Comment parler d’avenir quand on refuse de céder la place ? À 83 ans, Ouattara n’est plus l’homme du renouveau, mais celui de la continuité forcée. Ce scénario, tristement familier en Afrique, illustre les blocages d’un continent jeune dirigé par des dirigeants âgés, souvent sourds aux aspirations de leur peuple.
La Côte d’Ivoire mérite mieux qu’un quatrième mandat d’un vieil homme fatigué. Elle mérite une alternance réelle, un souffle neuf, et une démocratie qui ne soit pas un décor pour masquer la peur de vieillir au sommet de l’État.
IBM


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