Deux mois après la rentrée scolaire, les écoles primaires publiques de Ndzuani (Anjouan) tirent la sonnette d’alarme. Le déficit d’enseignants y atteint des proportions inédites : 249 postes manquent à l’appel, selon les chiffres du directeur de l’enseignement primaire de l’île, Kaldine Soihibou.
Classes surchargées et niveaux fusionnés
Dans plusieurs établissements, les directeurs peinent à maintenir un fonctionnement normal. À l’École primaire publique (Epp) de Bungweni, dans la région de Sima, la directrice Fatima Abdallah décrit une situation intenable :
«« Les classes de l’Ép1 et de l’Ép2 ne forment qu’un seul groupe de 124 élèves pour un seul instituteur », explique-t-elle.
Les classes de l’Ép3 et du Cp accueillent quant à elles 226 élèves, toujours avec un seul enseignant par niveau. L’inspecteur Kamal, en mission sur place, a lui-même constaté la gravité du problème.»
À Mgnamba, dans la ville de Mutsamudu, la directrice Rachidat Saïd Omar déplore qu’elle doive réduire le nombre de classes ouvertes.
«« Avec 640 élèves, nous n’avons plus que 14 divisions au lieu de 16. Si cela continue, nous devrons peut-être limiter les inscriptions », confie-t-elle.»
Même constat à l’Epp Missiri Arzanaly, où certaines classes dépassent 50 élèves. Quatre enseignants manquent encore, pour un total de 440 élèves âgés de 3 à 14 ans. « Nous n’avons jamais reçu d’enseignants de langue arabe », ajoute la directrice Haydat Saïd Omar.
Des écoles sous tension
Ndzuani compte 115 écoles primaires publiques. À l’Epp Pagé 1, la situation semble un peu moins dramatique, avec deux postes vacants seulement. Mais le directeur Saïd Mahamoud s’inquiète du départ imminent de plusieurs enseignants à la retraite.
À Bungweni, plus de 500 élèves sont répartis entre des classes fusionnées, faute de cinq enseignants. Le directeur Zouher Soidri explique avoir dû regrouper plusieurs niveaux pour assurer un minimum d’enseignement.
À Shitsangani, la directrice Hadidja Soumaila note une légère baisse d’effectifs (de 300 à 250 élèves), mais se souvient de l’année passée :
«« Certaines classes n’avaient cours que deux ou trois jours par semaine. Les enseignants devaient alterner entre plusieurs niveaux. »»
Un système en détresse
Kaldine Soihibou, directeur de l’enseignement primaire de Ndzuani, confirme que les rapports de fin d’année signalent un manque global de 249 enseignants.
«« Tous les rapports ne sont pas encore parvenus, donc le chiffre exact pourrait être encore plus élevé », avertit-il.
Il assure néanmoins que des recrutements sont en cours à Moroni et que de nouvelles affectations sont attendues prochainement.»
Mais pour l’heure, la réalité est sans appel : les écoles de Ndzuani croulent sous les effectifs, les enseignants s’épuisent et la qualité de l’apprentissage s’effrite. Là où une classe devrait idéalement accueillir entre 35 et 45 élèves, certaines dépassent désormais la cinquantaine.
Un constat amer pour une île où l’éducation publique, autrefois pilier de l’égalité sociale, semble désormais au bord du naufrage.
ANTUF Chaharane


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