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Droits humains aux Comores : la CNDHL, entre vitrine de transparence et omerta sur des morts suspectes

Le samedi 28 décembre, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) a ouvert les portes de ses nouveaux locaux à Moroni-Zilimadju, sous le signe du « partage des connaissances et des bonnes pratiques ». Cet événement, marqué par la présence du chef de l’État Azali Assoumani et d’un large public, visait à renforcer la proximité entre l’institution et la population comorienne.

La présidente de la CNDHL, Mme Sittou Raghdat, a insisté sur l’importance de la lutte contre les discriminations et de la défense des droits fondamentaux : « Cet événement est une manière de permettre à la population de se rapprocher de nous, de connaître nos missions et les activités que nous menons. » En écho, Aguibou Bouaré, consultant international mandaté par les Nations unies, a salué les efforts de la CNDHL pour se conformer aux Principes de Paris, condition essentielle pour l’obtention du statut A, gage de crédibilité internationale.

Cependant, derrière cette vitrine de transparence, des ombres planent sur le bilan de la Commission et des autorités comoriennes. Plusieurs affaires non élucidées, dont celle de l’ancien ministre de l’Économie Abdou Nassur, rappellent l’urgence d’une justice impartiale et rigoureuse. Abdou Nassur, retrouvé mort dans son bureau après avoir reçu des menaces de proches du pouvoir, est devenu un symbole de l’impunité qui gangrène le pays.

Ce cas n’est malheureusement pas isolé. En septembre 2024, Ahmed Abdou, alias Fanou, un jeune militaire de 24 ans ayant attaqué le président Azali Assoumani, est décédé en détention dans des circonstances suspectes. Malgré les zones d’ombre, le parquet a clos l’affaire avec une rapidité déconcertante, invoquant une absence de blessures visibles. Ce traitement expéditif a suscité la colère de la société civile, renforçant les doutes sur la transparence et l’intégrité des enquêtes judiciaires.

Le décès de Fanou fait tristement écho à celui du journaliste Ali Abdou en 2020, un autre cas où les autorités ont échoué à fournir des réponses claires. Ces silences répétés minent la confiance des citoyens dans les institutions, y compris la CNDHL, qui peine à démontrer son indépendance et sa capacité à traiter ces affaires sensibles.

Si la journée portes ouvertes de la CNDHL peut être perçue comme un pas vers une meilleure sensibilisation aux droits humains, elle ne saurait suffire à dissiper les critiques. L’institution est confrontée à une responsabilité historique : sortir de son rôle d’observateur passif et s’affirmer comme un acteur clé dans la quête de vérité et de justice.

Misbah Said 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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