Rien ne laissait présager que la modernisation du réseau électrique deviendrait une source d’inquiétude nationale. Et pourtant, depuis l’introduction des compteurs intelligents STS, de nombreux usagers ont le sentiment d’être confrontés à un dispositif qui les pénalise plus qu’il ne les aide. Depuis neuf mois, la Sonelec procède au remplacement progressif des anciens compteurs à disque et à carte, promettant une consommation mieux maîtrisée et un service modernisé. Mais sur le terrain, la confiance s’effrite.
Nos enquêtes menées auprès de ménages ruraux et urbains révèlent des réactions contrastées, dominées par la perplexité. Dans les zones rurales, les familles dénoncent des dépenses électriques devenues insoutenables. Les citadins, eux, pointent du doigt des coupures incessantes malgré des recharges coûteuses. En somme, les promesses d’efficacité et de confort semblent avoir laissé place à la frustration.
À Moroni, Mme Saandati peine à cacher son exaspération : « J’ai mis 10 000 francs il y a 8 jours et il n’en reste déjà plus ! » affirme-t-elle. Elle assure qu’avant, ses paiements étaient réguliers, mais que désormais, elle se retrouve avec « des factures exorbitantes », allant jusqu’à payer plus de 15 000 francs tous les douze jours. Commerçante, Fatima Idrissi renchérit : impossible pour elle de laisser sa marchandise décongeler, ce qui l’oblige à recharger coûte que coûte.
À Ntsudjini comme à Mtsamdou, le discours est similaire. Une habitante rencontrée à la poste s’indigne : « J’ai rechargé 5 000 francs il y a cinq jours, tout est parti ! » Mze Aboudou, agriculteur, estime que les compteurs « sont truqués ». Il raconte avoir passé trois semaines sans électricité : « Entre nourrir ma famille et recharger, le choix est vite fait. »
Coupures, manque d’informations, difficultés de rechargement… Les critiques s’accumulent. Certains y voient même une stratégie commerciale. Contactée à plusieurs reprises, la Sonelec n’a donné aucune réponse.
IBM


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