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Comores-Sénégal, une relation ancienne malgré la distance

Le Sénégal et l’archipel des Comores sont deux pays distants de près de 7000 km mais réunis extraordinairement par un concours de circonstances. En effet, ni la géographie ni l’histoire ne pouvait laisser prévoir la rencontre fusionnelle entre ces deux peuples. Les avertis disent toujours qu’il n’y a pas de hasard dans la vie mais des simples coïncidences.

Dès le début de l’installation et de l’expansion de la colonisation française, des Comoriens sont présents dans différentes unités militaires dites de tirailleurs sénégalais. Ces derniers étaient un corps de militaires africains appartenant aux troupes coloniales, constitué au sein de l’empire colonial français. Le premier régiment de corps était formé en 1857 au Sénégal. Bien qu’il ne soit pas limité au Sénégal, ce corps d’armée était constitué d’unités d’infanterie composées de soldats africains noirs. En 1885, on signale la présence de Comoriens au sein de la Compagnie africaine cantonnée à Nosy-Be. A partir de 1889, de nombreux Comoriens sont recrutés comme soldats au sein du 1er Régiment de Tirailleurs Malgaches et d’autres à la Garde Indigène. Les tirailleurs sénégalais participent à la conquête et la pacification de Madagascar. Ils sont également envoyés en Afrique du Nord.

Entre 1914 et 1918, environ près de 1300 Comoriens ont été recrutés et envoyés au combat. Ils sont incorporés au 1er Bataillon de Tirailleurs Somalis, crée à Majunga le 11 mai 1916. La première guerre mondiale rapproche entre autres les Sénégalais et les Comoriens dans les combats épiques notamment, en mai 1917, lors de l’attaque du Chemin des Dames. Ils font partie des régiments qui repoussent, le 21 septembre 1917, un assaut des troupes allemandes dans le bois de Mortier.

Après la deuxième guerre mondiale, tout comme les autres colonies françaises, l’archipel obtient une représentation parlementaire avec un député, Saïd Mohamed Cheikh et un Conseil général sous la houlette du Prince Saïd Hussein. L’Union française créée, en 1946, permet ainsi à des Comoriens de participer à la vie parlementaire française. Ainsi le député Saïd Mohamed Cheikh va côtoyer ses homologues députés africains dont les députés sénégalais Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye. Ils se lient d’amitié et travaillent de concert pour faire avancer les droits des populations des colonies.

Le Sénégal et les Comores optèrent massivement pour le « oui » à la Communauté lorsque le Général Charles de Gaulle propose de ratifier par référendum, le 28 septembre 1958, un nouveau projet de Constitution portant, entre autres articles, sur la création d’une Communauté française pour remplacer l’Union française désuète. Cependant au moment des indépendances africaines, les élites politiques comoriennes de l’époque considéraient que l’Archipel n’était pas prêt pour l’indépendance du fait de son retard économique et du déficit d’infrastructures de base et choisissent l’autonomie interne.

Après la proclamation de l’indépendance, le Sénégal fait partie des pays qui soutiennent le nouvel Etat Comorien. Le président Senghor est d’ailleurs le premier Chef d’Etat du monde à fouler le sol des Comores indépdant. Il fait une visite officielle dans l’archipel très remarquée et ponctuée d’un long entretien avec le président Ali Soilihi Mtsashiwa. En juillet 1976, le pays de Léopold Sédar Senghor signe des accords de coopération en matière de personnel technique pour l’envoi d’enseignants et en matière de représentation diplomatique avec la nomination de Yaya Coly comme Ambassadeur du Sénégal aux Comores. Ces différents accords ont permis l’envoi d’enseignants dans le cadre de L’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), l’ancienne agence intergouvernementale chargée d’intensifier la coopération culturelle et technique entre ses membres francophones. Parmi ces professeurs sénégalais on peut citer Diop, Bacoum ou Ndour (leurs anciens élèves des années 77-78-79 leurs vouent une grande reconnaissance).

En mai 1976, Ali Soilihi Mtsashiwa sollicite l’Ambassadeur sénégalais Yaya Coly, pour engager une médiation avec la France pour permettre une reprise de la coopération franco-comorienne rompue en décembre 1975, une médiation qui échoue car Ali Soilihi Mtsashiwa exige au préalable le retrait des militaires français de Mayotte.

A la fin des années 70 et début des années 80, La fermeture des frontières et les difficultés d’accéder aux universités et écoles en France détournent le flot d’étudiants comoriens qui allait auparavant en France vers en particulier le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Maroc. Dans de nombreux pays, c’est l’Ambassade du Sénégal qui s’est dévouée pour dénouer l’écheveau des inscriptions et caser les uns et les autres dans les instituts et universités dans les différents pays d’accueil.

Sous le régime d’Ahmed Abdallah Abdérémane, le Sénégal détache auprès de la présidence un conseiller juridique en la personne d’Abdillah Sy qui restera dans le pays plus d’une décennie. Ces relations tissées avec le Sénégal se sont renforcé

Au début des années 2000, les Comores signent des accords généraux de coopération dans le domaine de la diplomatie, de l’économie, de l’éducation, de la culture et du commerce. En juillet 2016, en marge de la 27ème session ordinaire de l’UA le Sénégal et les Comores signent un accord sur la mise en place d’une Commission mixte.

Aujourd’hui le Sénégal est l’un pays d’accueil les plus prisé par les étudiants Comoriens notamment pour les cursus de deuxième et troisième cycle. Les Comores disposent d’une Ambassade dirigée auparavant par Mahmoud SOILIH dit Lamartine et actuellement par Moustakim Said Attoumane.

Le président Léopold Sèdar Senghor,

Des tirailleurs sénégalais et somalis, 1914

Le président Senghor en visite aux Comores en 1976

La délégation comorienne à la Conférence afro-arabe de Dakar, avril 1976

Des étudiants comoriens à Dakar au début des années 80

Mr Sy, sénégalais, conseiller juridique de président Ahmed Abdallah, 1983

Le président Ahmed Abdallah Abdérémane et le président Abdou Diouf au sommet de la francophonie de Dakar,

Moustakim Said Attoumane, actuel Ambassadeur des Comores au Sénégal.

Drapeau du Sénégal et des Comores

HaYba FM la Radio Moronienne du Monde

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