
Face aux ravages causés par le cyclone Chido, la société civile comorienne a rapidement pris les devants pour venir en aide aux sinistrés, en particulier sur l’île de Mayotte. Un collectif baptisé « Solidarité Chido » a été constitué et a lancé un appel aux dons lors d’une conférence de presse tenue le lundi 16 décembre à Moroni.
« Il aurait été impensable de rester inactifs face à une telle tragédie », a déclaré Abdou Boina, président du Syndicat national des commerçants (Synaco), qui a invité tous les Comoriens à contribuer à cette initiative, qu’il s’agisse de financements ou de produits de première nécessité.
Cet élan de solidarité populaire, porté par des figures du secteur privé et de la société civile, contraste avec l’attitude des autorités, accusées de manquer de cohérence et de compassion dans leur gestion de la crise.
Le gouvernement comorien, pour sa part, s’est limité à décréter une semaine de deuil national en hommage aux victimes du cyclone. Cependant, cette décision a rapidement perdu de sa crédibilité aux yeux de nombreux citoyens, alors que des membres de l’exécutif et des figures politiques proches du pouvoir ont entamé une campagne électorale dans une ambiance festive.
L’exemple le plus marquant est celui de Fath Nour Azali, fils du président Azali Assoumani et candidat aux législatives, qui a inauguré son QG de campagne ce mardi avec faste. Des festivités bruyantes et ostentatoires ont accompagné cet événement, suscitant une vive indignation dans l’opinion publique.
« Comment peut-on parler de deuil national tout en organisant des célébrations politiques ? C’est un manque total de respect pour les victimes », a déploré un membre de la société civile.
Alors que la société civile s’active pour répondre concrètement aux besoins des sinistrés, le contraste avec l’inaction et les priorités politiques des autorités ne pourrait être plus frappant. Le collectif « Solidarité Chido » a déjà commencé à mobiliser des fonds et des produits de première nécessité, malgré les défis logistiques liés à la suspension des liaisons inter-îles.
Dans un communiqué, le collectif a insisté sur l’importance des dons financiers, qui permettront d’acheter et d’acheminer des produits essentiels dès que les conditions le permettront.
Cet écart entre les actions concrètes de la société civile et les campagnes festives des autorités en pleine période de deuil pose une question fondamentale : où se situe la véritable solidarité nationale ?
Si les autorités ont opté pour des gestes symboliques et des activités politiques, les citoyens, eux, montrent que la solidarité peut être réelle, active et indépendante de l’agenda électoral. Cette mobilisation pourrait bien rappeler aux dirigeants leurs responsabilités, alors que les Comoriens continuent de se tourner les uns vers les autres pour affronter cette épreuve.
ANTUF Chaharane
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