
Mayotte, longtemps marquée par des affrontements à la machette, franchit un inquiétant palier dans l’escalade de la violence. L’apparition d’armes à feu – fusils à lunette et pistolets – bouleverse les codes des règlements de comptes dans l’île comorienne sous administration française, laissant présager une montée en gamme meurtrière.
Une vidéo, publiée sur la page Instagram doujani_dakar, retient toute l’attention de la police locale. Non virale mais alarmante, elle montre deux bandes rivales s’affrontant, barres de métal et boucliers improvisés en main, au sommet d’une colline de Doujani, au sud de Mamoudzou. Dans cette séquence d’1 minute 24, un homme encapuchonné, vêtu d’un sweat noir, épaulant un fusil à lunette, vise clairement le camp adverse. Les images, siglées à la gloire des belligérants, confirment la radicalisation inquiétante des comportements.
Pour le ministère de l’Intérieur français, cet épisode illustre une dérive inquiétante : « La violence repart de plus belle. En deux semaines, deux morts déjà. Nous craignons une nouvelle crise », confie un policier en première ligne dans ce combat épuisant contre des bandes qui gangrènent le quotidien des habitants.
Ce climat explosif trouve ses racines dans des fractures sociales profondes. Les expulsions massives de parents vers les autres îles comoriennes, laissant derrière eux des enfants livrés à eux-mêmes, nourrissent un vivier de jeunes désœuvrés, proies faciles pour les réseaux de délinquance. À la misère s’ajoute désormais la peur d’un saut qualitatif de la criminalité : le passage de la machette au fusil.
Dans ce territoire déjà fragilisé, l’apparition d’armes à feu ne représente pas seulement un danger immédiat : elle menace de transformer durablement les affrontements en véritables scènes de guerre urbaine. Une évolution qui pourrait plonger Mayotte dans une spirale de violence encore plus incontrôlable.
IBM
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